Moi? Brisée? Oh que oui. [ ft. Albion ]

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Aliory n'avait pas regagné le camp Indien depuis plusieurs jours. Elle avait peu mangé et passait se journées à gravir les pics rocheux en silence, seule. Elle ne savait pas trop ce qu'il lui arrivait. Et ça la terrorisait. Elle ne se sentait pas bien mentalement. Incapable de rester très longtemps en présence d'un autre cheval sous peine de craquer sous la pression des émotions qu'elle ressentait, elle préférait donc rester seule. Désormais en haut de l'a pic, elle observait le ciel en silence, la crinière au vent. Le soleil allait bientôt se coucher. Elle savait qu'elle ne devrait pas laisser Anouk sans nouvelle, mais elle ne pensait pas pouvoir supporter d'être entourée de tant de bruit et d'animation.

Albion bravait les vents cinglants avec le même calme que d'habitude. Ses sabots claquaient sur les roches instables, réduisants en poussières les plus fragiles pendant que les plus grosses tentaient de le précipiter vers sa fin. Mais Albion était robuste et stable, une statue de marbre face aux éléments. Il y eu un vent puissant qui amena l'odeur du sable et du sang, vieux sang de déjà plusieurs jours sui agita brièvement Albion, lui faisant changer de chemin pour éviter les prédateurs. Ses yeux noirs passaient d'un cailliu à l'autres, subtiles pièges pouvant lui casser une jambe et le condamner. Il les écrasait sans vergogne quand il se savait sans risque de chute, le menant indubitablement vers un point plus haut, encore et encore. Ses naseaux frémirent quand entre les effluves de solitude et de vie sauvage lui parvint une odeur familière - semblable, apaisante, camarade - et il décida de se diriger dans sa direction globale.
Jamais ses yeux ne quittèrent la route qu'il empruntait, jamais il ne tenta de ne serait ce que jeter un coup d'œil en contrebas. L'idée de plonger son regard dans celui du précipice, compagnon de son avancée, le terrifait. Une terreur nullement représentée par les expressions de son visage alors qu'enfin il atteignait un des sommets.

Une jument se tenait postée au bord, juste au bord. Elle était brune et blanche, un brun pâle et chaud semblable au sable. Les ombres rampaient et gouvernaient déjà le monde d'en bas alors que les derniers rayons illuminaient le sommet où ils se trouvaient. Bientôt il ferait nuit et Albion savait qu'il ne quitterait pas cet endroit avant sue l'aube n'apparaisse de nouveau. Il souffla alors, ses sabots claquants sur la roche alors qu'il prenait possession du milieu de la plateforme. Ses yeux noirs étaient deux puits calmes et attentifs, plus sombre encore à l'approche du ciel nocturne.

- Si vous faites un pas et que vous tombez, je ne vous aiderez pas. - statua l'étalon blanc d'une voix neutre, le regard fixé sur la jument semblant pensive. Ce n'était pas tous les jours qu'il rencontrait des compatriotes suicidaires.

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Aliory continuait d'observer le coucher de soleil en silence, ayant depuis bien longtemps entendu le bruit des sabots de l'étalon qui s'approcha derrière. Elle entendit bientot sa voix et, sans se retourner, lui répondit d'une voix tout aussi neutre.

Je ne suis pas suicidaire, figurez vous.

Elle ne prononça aucun mot de plus. Sa voix tremblait déjà et elle ne voulais pas craquer devant cet inconnu. Elle continuait d'observer le couchant en silence.

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