« On dit que la légende de l'Ouest fut écrite sur la selle d'un cheval. Mais aucun cheval ne l'avait contée avec son cœur... Jusqu'à ce jour... »
 
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 Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae

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Stardust

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MessageSujet: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeSam 8 Juin - 21:45


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  Le pommelé était tourmenté. Tout le temps revenait dans son esprit la tête triste de Tialmah, l'indifférence de leur père. Ces terres, sur lesquelles il avançait en trébuchant de temps à autre, quand ses yeux ne voyaient plus les magnifiques paysages, avaient été l'un des lieux qu'ils n'avaient pas fouillé, à la recherche des disparus. Toujours persistait cet infime espoir de retrouver ceux qui n'avaient pas donné de nouvelles, ceux qui étaient morts ou bien enlevés. Mais plus le temps passait, plus les jours s'écoulaient, moins ils se faisaient d'illusions. Parce que ce n'était que des rêves, des tentatives de garder la tête hors de l'eau, pour ne pas céder à la panique. Mais la monture du colonel comprenait, désormais, qu'il était trop tard. Ils n'étaient plus là, et sans doute plus jamais ils ne les entendrait discuter, il ne verrait leur silhouette dans la stabule. Et cela lui brisait le cœur. Tous ses proches congénères étaient restés parmi eux, mais jamais on n'était sûr qu'ils reviendraient de patrouille. Même l'absence de Khyda l'inquiétait un peu. Il aurait aimé apercevoir, de loin seulement, sa crinière d'argent. Et si un "au revoir" était finalement un adieu ? Ca le bouffait, de plus en plus.

  Il trébucha, et Martin grogna. Stardust secoua la tête, pour se remettre les idées en place, mais c'était peine perdue. Il percevait même l'odeur de la rougeaude, non loin de ce lac, dans lequel se reflétait le soleil éclatant. Elle n'était plus là, il devait faire un trait sur ses discours sarcastiques, sur sa robe étrange qui la caractérisait si bien. Mais jamais il ne pourrait l'avouer à son fils. Il était, de toute façon, assez futé pour le comprendre. Et pourtant, l'effluve devenait de plus en plus forte. Ses iris bleutées parcoururent le paysage des yeux, et un corps, au loin, l'interpella. Il accéléra, insensible aux murmures destinés à le calmer de son cavalier. Il prit vite le petit galop, rejoignant la grande étendue d'eau, plate comme de l'huile. Et son cœur loupa un battement. C'était bien Asrae, qui se tenait non loin de lui, à une dizaine de mètres de lui. Il s'arrêta net, sans vouloir lui donner une impression d'emprisonnement.

  Le bleu sauta à terre, et fixa la jument, sans savoir quoi faire. Il ne possédait pas de lasso, comme tout soldat lambda, et le gris le soupçonnait de haïr en cet instant cette loi. La marque au fer rouge insistait sur son appartenance à la cavalerie, mais il ne pouvait pas faire grand chose. Il ne pouvait plus que lui sauter dessus, en priant je-ne-sais quel dieu, pour qu'elle ne bouge pas, où qu'elle approche, en quête de câlin. Mais cela ne se produisit, sans grand étonnement, pas. L'étalon la sentit mal, mais ce n'était pas la compassion que le qualifiait le plus, en ce moment. Simplement la colère. Elle était en vie, et n'était pas rentrée. Elle avait laissé ses propres enfants sans surveillance, abandonnés, orphelins. Aucun nouvelle, rien. Ils l'avaient pensée morte, disparue comme tous les autres. Mais elle se prélassait simplement sur ces terres merveilleuses, où l'herbe était abondante. Où, même quand il pleuvait, tout était beau. Il se força à inspirer, pour ne pas la brusquer, parce qu'elle était en pauvre état, mais c'était bien compliqué de ne pas l'insulter de mère indigne. Elle ne méritait peut-être pas ça, mais c'était le seul mot auquel il pensait en la regardant. Tialmah, Tialmah, Tialmah. Il ne pensait qu'au yearling. Qui s'occupait de sa sœur, en déprimée. Tialmah. Il s'en sentait responsable, pour une raison qu'il ne comprenait même pas. Parce qu'il avait du potentiel, ou bien qu'il était attachant et qu'il avait du caractère.

 Stardust soupira, puis l'interrogea, plus par politesse que par simple sincérité. "Bonjour, Asrae. Comment vas-tu ?", commença-t-il. Puis, il continua, balançant ces mots qu'il retenait depuis quelques instants : "Pourquoi tu as abandonné tes enfants ? Ils paniquent, se rendaient à l'évidence que tu étais morte. Ou disparue. Et te revoilà, en chair et en os. Ils t'attendent encore, ils espèrent malgré leur peur !"

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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeDim 9 Juin - 3:19


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La jument rouge fixait son reflet dans l'eau. Combien de fois avait-elle l'occasion de se regarder, de regarder ce visage que ceux qui la côtoyait voyaient tous les jours ? Son étoile d'en-tête, ses crins rouges, sa robe auburn,... ses yeux marrons. Mais elle ne pouvait plus se regarder dans les yeux. La partie lucide d'elle même avait beaucoup trop honte pour cela. L'autre partie, celle qui survivait jour après jour, un pas après l'autre, refusait d'affronter la réalité et vivait aux côtés de l'étrangère folle qui faisait parfois irruption.

Alors, elle baissa les yeux, vers le fond de la source, visible à travers l'eau cristalline, et trempa ses lèvres dans cette dernière. Puis, un mouvement, à la périphérie de sa vision, la fit sursauter, et elle se redressa, et -

Oh, non. La jument rouge aurait fuit si elle l'avait pu, mais elle était paralysée. Stardust. Stardust le soldat. Elle eut brusquement envie de vomir tant le voir fit remonter de douloureuses émotions en elle.

Et puis il s'approcha, et ses mots furent comme des déferlantes, des coups de crocs.


"Bonjour, Asrae. Comment vas-tu ? Pourquoi tu as abandonné tes enfants ? Ils paniquent, se rendaient à l'évidence que tu étais morte. Ou disparue. Et te revoilà, en chair et en os. Ils t'attendent encore, ils espèrent malgré leur peur !"

Elle se sentait comme une biche, à l'instant fatidique où elle aperçoit les indiens et la flèche qui la vise. Elle sentait son désespoir s'étaler dans ses yeux comme une marée noire, visqueuse et collante.

"Comment crois-tu que je me sente, alors que j'ai abandonné mes bébés ?"

Et toutes ses raisons, si sauvages et instinctives et égoïstes qui l'avait poussée à rester ici, lui semblèrent tout à coup si vaines, et elle eut envie de les revoir, oh tant envie que c'en était physique, une lamentation de son corps tout entier. Elle ne voyait plus ni l'un ni l'autre, elle ne les voyaient plus grandir ou découvrir le monde.

"Tialmah, Ebony,... Wolf's Song...", elle souffla dans un murmure éreinté.

Elle reprit dans un nouveau murmure saccadé :

"Ils me manquent à un point que tu ne peux imaginer, crois-moi."
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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeDim 9 Juin - 21:49


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Stardust ne fut pas étonné de la voir tiquer à son appel. Elle ne paraissait pas heureuse de le voir, ce qu'il n'était pas étonnant, étant donné qu'il ne venait pas en ami, et qu'elle ne l'avait jamais apprécié. Elle était même plutôt effrayée. Il était un fantôme de son passé, un de ceux qui lui rappelaient, sans même en parler, qu'elle avait eu une vie autrefois, avant de les avoir lâchement abandonnés. Un spectre, lui soufflant de revenir, comme la carotte boostait l'âne. Cependant, elle n'était pas dupe, et il n'était pas ce légume à la couleur de soleil. Il lui faudrait user de réflexion, pour l'inciter de rentrer dans leur maison. Parce que ce n'était pas dans ces terres majestueuses qu'elle avait sa place. Si elle le croyait, c'était qu'elle allait vraiment très mal. Il en profita pour l'observer de plus près. Aucune trace de maladie, de blessure physique, mais mentalement, c'était une autre affaire. La rougeaude avait l'air si abattue, qu'il oublia momentanément sa rancune, et Tialmah, qui semblait lui hurler de réagir. Il imaginait le poulain lui dire, de sa voix autoritaire, de faire quelque chose. Elle s'écria, comme blessée par ses paroles :
"Comment crois-tu que je me sente, alors que j'ai abandonné mes bébés ?"

Le gris fronça les sourcils. Elle savait les avoir abandonnés, mais ne rentrait pas au triple galop dans le fort. Elle ne se confondrait pas d'excuses devant le fruit de son amour avec Wolf's Song, lui disant qu'elle ne le quitterait plus jamais. Elle paraissait, dans son mal-être, si déterminée à rester. Elle serait bien étonnée de voir que ses bébés, comme elle le disait si bien, avaient grandi, depuis qu'elle était partie. Le bai cerise avait mûri, commençait à accepter les humains, et s'occupait de sa sœur comme de sa fille. Il était bien inquiet pour Ebony. Et les jumeaux se transformaient, se préparant à devenir des montures de fort exemplaires. Ou non. Il était si pressé de voir à quoi ressemblerait le débourrage de son jeune congénère, qui paraissait doté d'un sentiment de mépris envers les bipèdes. Mais Asrae ne semblait plus dotée de cet amour maternel, qui survivait à toute épreuve. Depuis sa mise bas, elle avait perdu le sarcasme, qui la caractérisait tant. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, ses sourires étaient faux. Cela ne l'avait pas vraiment inquiété. Une double naissance ne devait pas être une mince affaire. Mais pas au point de partir loin de ceux qui lui remettaient un peu de baume au cœur.

"Tialmah, Ebony,... Wolf's Song..." souffla-t-elle, exténuée. Des noms qui sonnaient plats, et qui pourtant reflétaient une réelle histoire. Une famille, qui, pourtant était désunie, et pourtant en restait une. Des caractères différents, mais ils étaient soudés, les uns aux autres, ou bien des solitaires, se fichant du reste du monde. La jument poursuivit : "Ils me manquent à un point que tu ne peux imaginer, crois-moi." Tous les éléments étaient pour sa rentrée dans la cavalerie. Ils lui manquaient, elle les aimait, elle se souvenait d'eux (une bonne chose), et elle se sentait mal. Le pommelé se sentait obligé de réagir, de lui prouver qu'elle pouvait redevenir comme avant, comme si sa fugue n'était qu'un mauvais rêve. Parce que c'était une fuite bien ridicule, qu'il ne parvenait, malgré ses efforts pour se mettre à sa place, pas à comprendre. C'était terrible que ce manque de compassion qu'il éprouvait. Il ne pouvait pas, comme cet Anoki, qui avait cerné son personnage, ressentir les émotions des autres.

Martin s'avança, et lui aussi en profita pour aller étancher sa soif dans ce doux lac. Il se posta à côté de la rougeaude, alors que le bleu l'approcha sans difficulté. Il réussit même à la caresser, à son grand étonnement. L'étalon s'enfonça dans l'eau jusqu'aux genoux, et observa son portrait. Il avait l'apparence d'un soldat pur, avec ses crins coupés, ses épaules et son poitrail musclés. Puis, il se tourna vers elle, et défendit ses protégés, parlant pour eux, tel un avocat :
"Tes poulains vont mal. Ebony est si malheureuse, que Tialmah devient la mère de procuration dont elle a besoin. Mais c'est toi, sa mère. Il porte un poids trop lourd sur ses épaules. Il faut que tu rentres, cette histoire va mal finir !"

Il secoua la tête, et but de longues gorgées. L'eau était délicieuse, mais le lieu était désert. Il ne valait pas la convivialité, les discussions, les éclats de voix, et de rire, des montures de soldats. Il reprit, doux :
"Qu'est-ce qui te retient ici, Asrae ?"

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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeLun 10 Juin - 0:27


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Elle leva des yeux tristes en voyant l'humain s'avancer vers elle, et ne réagis pas lorsqu'il la flatta doucement. Elle soupira à ce contact amical. Pendant ce temps, l'étalon gris se désaltéra de quelques gorgées de l'eau claire, avant de tourner ses yeux bleus vers elle, et de parler avec ardeur :

"Tes poulains vont mal. Ebony est si malheureuse, que Tialmah devient la mère de procuration dont elle a besoin. Mais c'est toi, sa mère. Il porte un poids trop lourd sur ses épaules. Il faut que tu rentres, cette histoire va mal finir !"

La jument rouge sentait la douleur du chagrin peser sur elle comme une chape de plomb brûlante. Ses pensées s'acharnait à ne pas rester en place et rouler comme ces boules d'herbes du désert, comparaison appropriée lorsque sa tête semblait aussi vide que celui-ci.

Elle secoua la tête, refusant, refusant cette responsabilité... Mais c'était la sienne. C'était ses enfants, sa responsabilité. Oh, Tialmah... Il était si jeune, ce n'était pas à lui de faire cela. Il devrait être innocent, parcourant les terres sauvages avec insouciance. Mais dès le début, il l'avait jugée incapable et avait choisit de le faire à sa place. Et Ebony, qui devait tellement être malheureuse... Tout son corps se tendait vers eux, et son regard chercha à l'horizon - reflexe inutile à cette distance - le désert et le Fort, ses muscles se tendirent comme pour partir au galop...

Puis Stardust reprit la parole avec douceur :

"Qu'est-ce qui te retient ici, Asrae ?"

Elle lui retourna un regard déchiré et sa voix se brisa sur les mots :

"Je n'ai jamais pu être à la hauteur pour eux. Regarde-moi. Dix mois après leur naissance, et je tiens toujours à peine sur mes jambes... Quand j'ai vu le troupeau, tout était si paisible, comme un havre de paix, hors du temps... Alors j'ai rêvé échapper à l'absence de Wolf's Song, à la colère et la déception dans les yeux de Tialmah, et à la tristesse et, peut-être pire, la confiance dans les yeux d'Ebony. Je ne suis pas à la hauteur pour eux."

Elle se détourna, honteuse, si honteuse, d'être égoïste à ce point, d'être si incapable et inutile, et fit quelques pas dans l'eau, ressentant la fraîcheur des gouttelettes contre son ventre avec force.

"Je les aime tellement, mais mon amour n'est pas suffisant. Je n'ai pas de force à leur donner pour quoi que ce soit. Je ne supporte pas de blesser quiconque, et là, il s'agit de mes enfants."

Elle baissa les yeux vers l'eau claire, et eut brusquement envie d'y enfoncer la tête, sortir de cette irréalité et revenir au calme du troupeau.
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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeJeu 13 Juin - 20:10


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 Le regard qu'elle lui renvoya n'était pas une objection à ce qu'il venait de dire. Elle avouait silencieusement qu'elle était une lâche, une égoïste. Et pourtant, le gris ne parvenait plus à la traiter comme tel. Il ne voyait qu'une âme brisée, qu'un cœur déchiré, entre l'amour et la honte. La rougeaude était au fond du trou, mais elle ne souhaitait aucune aide. Comme si elle voulait se voir mourir à petit feu, se battant contre ceux qui ne demandaient qu'à l'aider. Stardust se promit d'aller jusqu'au bout pour la convaincre, mais la bataille semblait perdue d'avance. Il n'était même pas sûr que désespérée comme elle l'était, elle passerait la porte du fort. Pour la forme, il insisterait, sans devenir trop lourd. Il savait bien qu'entre eux deux, ce n'était pas l'amour fou, mais il espérait bien que leur relation s'améliore, après s'être confié comme elle venait de le faire. D'une voix cassée par l'émotion, elle rétorqua :
"Je n'ai jamais pu être à la hauteur pour eux. Regarde-moi. Dix mois après leur naissance, et je tiens toujours à peine sur mes jambes... Quand j'ai vu le troupeau, tout était si paisible, comme un havre de paix, hors du temps... Alors j'ai rêvé échapper à l'absence de Wolf's Song, à la colère et la déception dans les yeux de Tialmah, et à la tristesse et, peut-être pire, la confiance dans les yeux d'Ebony. Je ne suis pas à la hauteur pour eux."

  Il ne pouvait qu'approuver ses paroles. Elle avait si souffert de leur naissance, de leur croissance. Il ne comptait lui-même plus les fois où il l'avait trouvée couchée, ou bien appuyée contre le mur de la stabule, à observer ses enfants, en pleine forme pour leur part. Tialmah avait aussitôt cherché à se débarrasser d'elle, qu'il trouvait trop molle, si basse dans l'échelle. Et Ebony, qui, malgré toutes les douleurs de sa mère, la trouvait merveilleuse, qui ne prenait pas la peine de s'inquiéter. Sa génitrice était pour elle la plus merveilleuse. Et sans de compagnon pour la soutenir, d'ami proche, de cavalier prêt à bien s'occuper de sa monture, amoureusement, elle n'avait pu que sombrer dans la dépression. Personne n'aurait supporté cette pression, qui pesait sur ses épaules, déjà avachies et alourdies par la fatigue, l'amour pour ses jumeaux.

   Il était pourtant temps de faire une croix sur ce passé, de revenir, forte et déterminée comme elle l'avait évitée. Longtemps elle avait survécu, en tant que nomade. Vivre au fort était beaucoup moins difficile, plus vivable malgré quelques bleus désagréables. Un troupeau était même plus fatiguant ! Mais le gris imaginait bien l'histoire. Elle, à bout de souffle, arrivant sur ces terres, non loin de ce lac. D'innombrables équidés levant la tête, pour voir la nouvelle venue. Et l'accueillant joyeusement, la pressant de les rejoindre. Oui, le tableau était idyllique. Et pourtant, elle restait l'une des leurs. Elle portait la marque au fer rouge, ses crins étaient courts. Et dans son cœur brisé persistait l'image de poulains, d'un étalon grincheux qu'elle avait dû aimer, malgré ses défauts. Simplement qu'elle refoulait ceux à qui elle tenait.
"Je les aime tellement, mais mon amour n'est pas suffisant. Je n'ai pas de force à leur donner pour quoi que ce soit. Je ne supporte pas de blesser quiconque, et là, il s'agit de mes enfants."

  Elle s'était avancée, dans le liquide translucide. Son ventre sombre trempait dans l'eau lumineuse. Elle persistait à ne plus lui rendre son regard, ses yeux perdus dans le vague. Le pommelé décida de pas la suivre, craignant d'être trop collant. Derrière eux, Martin grommela. Sa monture lâcha un petit sourire, comprenant bien vite que le colonel ne souhaitait pas s'enfoncer dans l'eau, pour rattraper la jument. Il s'accroupit, et mouilla son visage de ses mains, appréciant le contact rafraîchissant. L'étalon se détourna, et fixa obstinément la rougeaude, espérant qu'elle se retourne, et qu'elle le regarde. Il répliqua, plus triste qu'agacé :
"Tu as raison. Il ne suffit pas d'aimer pour aider tes poulains, mais ce n'est pas en disparaissant que tu vas les rendre heureux. Une mère fatiguée vaut mieux que pas de mère du tout. C'est en tout cas ce que pense ton fils. Tialmah n'est peut-être pas très affectueux, mais il t'aime. Nous parlons souvent, et il craint que tu ne sois morte, ou disparue."

  Il secoua la tête. Plus leur discussion avançait, plus il s'inquiétait. Que dirait-il au poulain, qui espérait qu'il lui ramène sa mère ? Fallait-il lui avouer qu'elle n'avait pas voulu le suivre, qu'il n'avait pas été assez persuasif. Puis il reprit, un peu inquiet :
"Tu rentres bientôt, de toute façon ? Ce n'est que histoire de reprendre des forces ?"

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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeVen 16 Aoû - 22:23


Ft. Stardust
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Mais l'eau translucide n'avait pas de réponse à ses désespoirs, et l'étalon gris argent était toujours là. Elle pivota avec peine sur ses membres flageolants, et essaya d'affronter le regard du gris...

Ses yeux bleus, vrillés sur elle, lui semblait la percer et lire son âme. Mais son âme... Oh son âme n'était que fatigue et désespoir. Et si elle n'avait rien à cacher, elle avait déjà exposé toute sa honte, c'était un jugement bien trop lourd pour ses épaules affaiblies, et ses yeux s'échappèrent à nouveau. Et Stardust reprit :

"Tu as raison. Il ne suffit pas d'aimer pour aider tes poulains, mais ce n'est pas en disparaissant que tu vas les rendre heureux. Une mère fatiguée vaut mieux que pas de mère du tout. C'est en tout cas ce que pense ton fils. Tialmah n'est peut-être pas très affectueux, mais il t'aime. Nous parlons souvent, et il craint que tu ne sois morte, ou disparue."

Fatiguée ? Voilà qui l'aurait bien fait rire dans une autre situation. Elle exhala un souffle et dit, doucement :

"Je ne te crois pas. Tialmah ne m'aime pas."

S'il y avait bien une chose dont elle était certaine depuis qu'elle leur avait donné la vie, c'était bien ce non-lien qui la liait - paradoxalement - à son fils. Il ne l'aimait pas, et n'avait aucune énergie à perdre avec elle, pas alors qu'il devait déjà tant se débrouiller seul et soutenir sa sœur.

"Je ne suis qu'un poids pour lui, un poids qui aurait dû faire meilleure figure et épater tout le Fort par ma force et mon agilité considérable. Et au lieu de ça... Je me traîne dans la poussière, plus bas même que les humains. Evidemment qu'il ne m'aime pas."

Puis, à retardement, elle entendit les dernières paroles du gris :

"Oui, évidemment. La jument rouge eut une sourire pâle. Je ne peux pas fuir ad vitam æternam."

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MessageSujet: Re: Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae   Sourire à s'en déchirer les lèvres, ft Asrae Icon_minitimeVen 23 Aoû - 20:42


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 Son soupir épuisé déchira les tympans du gris consterné. Elle n'était pas apte à faire le chemin du retour. Il aurait d'ailleurs cru impossible qu'elle soit capable d'être allée jusqu'à ce paradis à la seule force de ses membres, lesquels tremblotaient, insuffisants pour supporter le poids de son corps et de ses remords. Il lui semblait probable qu'elle puisse s'effondrer à chaque mot qui lui transpercerait le cœur, qui serait plus mordant que les autres. Il sentait que ça faisait mal, mais forçait pour que la muraille cède, et qu'elle lui emboîte le pas. L'esprit du diable s'acharnant sur les esprits les plus faibles, les moins ragaillardis prêts à mourir, à se transformer en cendre, au moindre souffle brûlant d'une flamme.

"Je ne te crois pas. Tialmah ne m'aime pas.", avoua-t-elle, sans en paraître brisée, comme si cette idée était déjà bien claire dans sa tête et qu'elle était certaine de ses mots. Au fond, Stardust ne se voyait pas la contredire, puisqu'elle était la mieux placée pour savoir les sentiments qu'éprouvaient son fils pour là. Même quand elle avait été portée disparue, il n'avait pas été très tendre avec elle. Mais il avait essayé de savoir où elle pouvait se trouver, toujours insatisfait des réponses qu'il lui avait donné. S'il avait été assez grand, il serait peut-être allé lui-même à sa recherche. Il l'aurait fait pour sa sœur qui était davantage proche de la rougeaude. Le contraire aurait été difficile.
"Je ne suis qu'un poids pour lui, un poids qui aurait dû faire meilleure figure et épater tout le Fort par ma force et mon agilité considérable. Et au lieu de ça... Je me traîne dans la poussière, plus bas même que les humains. Evidemment qu'il ne m'aime pas."

 Ce désamour du poulain portait préjudice. Il était impossible pour elle de revenir, alors qu'elle était bien au courant que son arrivée ne serait pas merveilleusement reçue par le cerise. Et cette haine qui l'attisait, fureur que le pommelé ne comprenait guère - il était inimaginable pour lui d'avoir été méprisant envers sa mère, surtout à ce jeune âge -, ressurgirait et irait se fracasser contre une Asrae avec la tête à peine ressortie de l'eau, se prenant un nouveau tsunami nommé Tialmah dans les dents. Elle lui apprit ensuite, réponse qui le soulagea à moitié, qu'elle rentrerait bien un jour. Mais ce ne serait pas aujourd'hui, et sûrement pas demain. Les bleus ne la retrouveraient pas de si peu, et elle ne reviendrait pas dans le fort, qui lui était synonyme de malheur, d'elle-même. A moins qu'elle ne soit plus forte qu'elle n'en ait l'air, et que ce paradis ne vaille pas bien cher à ses yeux.
"Pourtant, tu ne l'as pas vu quand je lui ai parlé. Mais si tu ne veux pas me croire, libre à toi. Il veut toujours qu'on soit le meilleur, le plus fort, et tout ce que tu veux, mais il a quand même besoin d'une mère. Wolf's a bien pu être le cheval du colonel, il ne le considère pas comme son père. Alors vaut-il mieux être dans le bas de l'échelle et lui donner l'amour dont il a besoin ou être le plus fantastique cheval du Cimarron et ne jamais lui avoir adressé la parole ?"
 
  Il soupira à son tour, puis l'interrogea, incapable de savoir quelle était la bonne solution :
"Veux-tu que je dise à Wolf's et tes jumeaux que tu es en sécurité dans un troupeau ou pas?"

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