« On dit que la légende de l'Ouest fut écrite sur la selle d'un cheval. Mais aucun cheval ne l'avait contée avec son cœur... Jusqu'à ce jour... »
 
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 "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell

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MessageSujet: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeLun 10 Juin - 20:06



Le son d'une âme qui se brise
Stardust & Eshervell

« Je crois être sûre  que tu es la cause de tous mes maux»
Eshervell fouilla de la queue, une fois, deux fois, précipitant son trot, avant de finalement arracher les rênes en secouant la tête et s'élancer au galop.

Le sol caillouteux lui faisait mal aux pieds, mais dans sa vitesse faire attention au moindre détail et renfoncement lui était interdit, et la douleur n'était qu'une vieille amie après tout. La colère la consumait. Cet imbécile de Blackhole lui tapait sur les nerfs à un point pas possible. D'autant plus qu'elle n'avait absolument pas réussi à le toucher, dans sa débilité il ne pigeait rien de ce qu'elle disait. Comment un idiot dans ce genre pouvait-il encore être en vie ? D'ordinaire elle considérait que vivre dans ce camp était bien suffisant comme torture, mais ce cheval là, si elle le croisait un jour en liberté, elle serait bien heureuse de se défouler sur lui.

Son cavalier se rassit dans sa selle, mais elle plongea la tête au sol, courbant le dos. Ralentir n'était absolument pas une possibilité. Elle voulait continuer à courir jusqu'à n'avoir que des moignons de chair, d'os et de sang à la place des sabots.

Mais son assise resta stable, s'approfondit, et il joua avec les rênes jusqu'à ce qu'elle soit obligée de remonter la tête, puis il abattit des coups de marteau, brisant son rythme, laissant son esprit béant dans la douleur, impossible d'ouvrir la bouche condamnée par une muserolle, impossible de fuir la dureté du mors qui lui cisaillait la langue et les lèvres. Elle sentit le goût du sang dans sa bouche tandis que son monteur descendait - quand s'était-elle arrêtée ? Elle n'avait pas souvenir d'avoir freinée son allure, ou de devoir soutenir péniblement ses jambes tremblottantes de l'effort qu'elle venait d'abattre.

L'air frais se jetta sur son dos comme la selle était enlevée, tout comme le filet, qui lui se faisait remplacer par un licol à chaînon, bien plus dur, et susceptible de la maîtriser.

Puis le nomade attrapa un sac, qu'il enfila sur son dos, prit négligemment le fusil, et s'éloigna dans la forêt. Sans doute le camp avait-il besoin de cuir, ou d'un surplus de viande.

Eshervell le regarde disparaître parmi les arbres, puis eut un rapide coup d'oeil pour son environnement. C'était une grande forêt, sombre, bien peu pourvue en végétation mangeable, tandis qu'elle même était attachée au tronc d'un grand pin.

La grande jument ferma les yeux, puis appuya son front contre le tronc de son gardien.

Elle se réveilla en sursaut, muscles tendus et prêts à bondir, en entendant un son de sabots.

Elle était prête, certes, mais elle ne s'attendait absolument pas à ça.

- TOI. Hurla t-elle avec fureur.

Et elle se jetta sur le gris pommelé qui venait de surgir, et qui était sans le moindre doute pas un étranger, et qui surgissait comme un fantôme de son passé.
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« Tu crois pouvoir m'atteindre ? Mais enfin, je suis déjà morte, rien de ce que tu feras ne changeras ça. Par contre, ce que je ferais de toi... Voilà qui peut m'apaiser. »
Eshervell


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Dernière édition par Asrae - Eph. le Mer 12 Juin - 19:30, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeMer 12 Juin - 15:55


Le son d’une âme qui se brise  
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 Il n'avait pas réussi. Malgré ses supplications, Asrae était restée loin d'eux, là où ses enfants ne pourraient pas la rejoindre. Pas pour le moment du moins. Dans le fort, la silhouette de la rougeaude semblait le narguer, quand il se méprenait à songer que ce n'était pas de sa faute, si ses enfants n'avaient pas retrouvé leur mère. Les jumeaux lui paraissaient plus démunis encore maintenant qu'il connaissait la vérité, qu'il savait qu'elle était vivante. Qu'elle vivait dans un troupeau, et qu'elle avait lâché sa famille pour un harem inconnu. Ils étaient même pathétiques, ses enfants. Abandonnés par une mère bouffée par les remords, par un père dévoré par la froideur et l'indifférence. Lui-même ne parvenait plus à regarder Tialmah en face, coupant court aux conversations qu'ils avaient régulièrement quand elles s'engageaient dans un sujet qu'il était sûr de ne plus maîtriser. Il trahissait la confiance du gosse, lui qui avait dit qu'il la ramènerait. Et c'était ça qui lui faisait le plus mal. Une bonne dizaine de jours s'étaient écoulé depuis leur rencontre, et toujours il conservait sa boule au ventre, quand il apercevait le bai, ou sa sœur. Ils avaient quitté le fort, lui et Martin, en début de matinée. Le colonel avait sorti une gourde, et un grand sac, synonyme que la patrouille allait être longue. S'éloigner des anges, qui étaient ses démons à lui, lui ferait le plus grand bien.

  Stardust observait avec un intérêt nouveau le sous-bois peu accueillant dans lequel ils s'enfonçaient. Les pins séchés et l’herbe brûlée qui craquait sous ses sabots donnait une impression d’abandon, d’un lieu coupé du temps, de la pluie, de la vie. Au bout de quelques minutes, le bleu descendit, et ne prit pas la peine d’attacher sa monture. Il s’assit à même le sol, et ouvrit son sac. Quand le gris comprit qu’il n’y avait rien pour lui, il se lança dans la découverte de ce lieu à l’aura inquiétante. Ses rênes ballantes se cognaient à chaque pas sur son encolure. Il restait attentif à chaque mouvement, ne se sentant pas vraiment à l’aise dans cette forêt sombre. Le soleil lui-même n’arrivait pas à se faufiler entre les branches, et le manque de luminosité ajoutait au bois une ambiance pesante. Bien que loin des poulains, seul, il ne cessait de repenser à eux. Il deviendrait peut-être père par procuration, une sorte de tonton, pour eux, qui étaient si seuls. Ce n’était pas son rôle, il ne souhaitait pas porter sur ses épaules le fardeau de la responsabilité, mais cela lui paraissait si évident. Il ne pouvait pas les abandonner. Tout fier de lui, de sa décision, il leva les yeux, prêt à en découdre avec la honte qui le submergeait, depuis qu’il n’avait pas ramené la rougeaude. S’il n’avait pas réussi à leur ramener leur père, il ferait tout son possible pour qu’ils se sentent le mieux, dans ce fort qui était leur maison à tous.
“TOI !”

   Il l’entendit autant qu’il la vit. Une jument, couverte de cicatrices, possédant une crinière à peine voyante, fonçait sur lui. Malgré la fureur qui la consumait, il la reconnut. Un fantôme du passé. Il les revit, lui et elle, dansant, dans un silencieux désert. Il se souvint de leurs frissons, de la chaleur de leur contact, il y a bien longtemps. Lui, un tout jeune étalon, et elle, si fragile. Mais le temps n’était pas venu de se souvenir. Mais de se protéger du typhon, qui se jetait sur le pauvre être qu’il était. De la longueur de son licol, étrangement constitué, elle le rejoignit, et, par la force de ses membres, pourtant frêles et abîmés, elle le frappa. Son poitrail fut ravagé par des coups de sabots, et il ressentit même pas le besoin de se reculer, ou même de se mêler à leur insensé combat. Elle ne paraissait pas en grande forme, et pourtant, ses coups le firent chanceler. Il chercha une raison, une explication quelconque. Pourquoi s’acharnait-elle sur lui ? Oui, elle l’avait sûrement reconnu, il n’y avait pas de doute. Mais il n’avait rien fait de mal ! Le pommelé était perdu. Il ne comprenait rien.

Et c’est seulement quand elle se fut bien acharnée sur lui, et quand il en advint qu’elle ne s’arrêterait pas d’elle-même; il s’écarta, à distance raisonnable. La douleur lui martelait le coeur, lui compressait les poumons, tant elle avait frappé. Mais il ne voulait pas lui montrer qu’il était blessé, et fit l’impasse sur sa souffrance. Vainement, il cherchait un souvenir, quelque chose qui l’avait attiré chez cette jument. Mais rien. Ses yeux, qu’il avait autrefois trouvé touchants et doux luisaient farouchement, haineux. Elle semblait possédée. Quelques instants encore elle essaya de le rejoindre, mais par pour la même raison que la dernière fois. Ce n’était pas pour se perdre avec l’autre, dans un monde qui n’avait appartenu qu’à eux, mais bien pour le détruire.

L’émotion lui prenait aux tripes. Il ne savait quoi dire, quoi faire, pour la calmer. Il n’était pas même sûr de s’exprimer intelligemment, et qu’elle le comprenne. Ils avaient si peu parlé, avant. Simplement bavardé silencieusement, dans un accord tacite. Mais là, il n’avait pas le choix, s’il voulait comprendre. Il s’écria, d’une voix brisée par l’incompréhension, et la présence de cette femelle, qu’il avait choisi d’oublier, de cacher au plus profond de sa mémoire :
“Quoi ? J’ai … Qu’ai je fait ?”

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MessageSujet: Re: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeMar 2 Juil - 14:39



Le son d'une âme qui se brise
Stardust & Eshervell

« Je crois être sûre  que tu es la cause de tous mes maux»
Et le gris était à portée de ses sabots, alors elle frappa, frappa, frappa. C'était la réponse, si juste, si parfaite à toute la fureur, toute la haine, toute la colère, toute la déchirante tristesse qui l'habitait.
Et le poitrail gris scintillant devenait rouge écarlate, et ses sabots et ses fanons se gorgeaient du liquide collant, mais il lui en fallait plus, parce que même face au corps sans vie du gris, sans doute que sa haine continuerait à la forcer à frapper, à s'acharner, et à la fin on ne saurait même plus ce que ces chairs avaient formées.

Et ce moment lui paraissait si étranger dans le même temps... Elle se voyait de loin, possédée par sa fureur, abattre sa colère sur l'étalon. Elle se souvenait si bien de la douceur de son contact. De sa chaleur, sur elle, la comblant et réchauffant tout le froid et la glace... Et toute cette chaleur, qui lui avait semblé si logiquement ne pas pouvoir rester en elle, bien trop brûlante et réconfortante pour son corps déchiré, jusqu'à ce qu'un petit être en naisse. Et il avait été si parfait... La réponse, l'apaisement à tout ce que la vie lui avait infligée.

Puis il lui avait été arraché.

Et la cause de cette souffrance si déchirante que toutes les autres lui avaient semblé si minime en comparaison, cette cause était actuellement en face d'elle.

Brusquement alors, elle perdit la sensation de dédoublement, et ses sabots frappèrent, encore et encore... Puis il n'y eut plus rien, et son licol lui sciait la tête alors qu'elle tentait de le frapper encore.


Et il parla. Oh, cet étalon savait parler, alors. Il disait :

- Quoi ? J’ai … Qu’ai je fait ?

Elle n'entendit rien de sa voix brisée. Il y avait un bourdonnement dans ses oreilles, un bourdonnement venu du sentiment qui la prenait à la gorge. Oh, c'était la colère. C'était une émotion si familière... Mais elle avait l'impression de ne l'avoir jamais ressentie avec une telle intensité.

Son esprit pataugeait dedans, incapable d'en sortir pour articuler une parole. Toute communication semblait venir de ses yeux, qui lui donnait l'impression qu'à force de fixer si rageusement le gris, elle pourrait réellement lui faire connaître la brûlure des flammes - oh, quel amusement ce serait de le voir se tortiller sous leur morsure. C'était une morsure connue depuis ses plus anciens souvenirs, et si dédaignable en comparaison de la souffrance qui lui ravageait le coeur.

Et elle s'égarait en rêve de vengeance, quand l'autre la fixait de ces yeux pathétiques d'incompréhension. Qu'avait-il fait ? Elle ne savait même pas par où commencer.

Eshervell douta, soudainement. Elle avait vu la reconnaissance dans les yeux si bleus de l'étalon. Mais si ce n'avait été qu'une projection de sa propre fureur ? La grande bai pouvait reconnaître que son esprit n'était pas d'une lucidité parfaite depuis qu'elle avait reconnu l'autre.

Mais elle refusait, oh refusait de tout son être, cette possibilité. S'il n'y avait plus qu'elle pour se souvenir de ce rêve tranquille, elle serait alors la seule à pleurer cet amour perdu.

D'une voix hachée par son souffle haletant, et par la difficulté d'articuler avec ses dents serrées, elle murmura :

- Que te souviens tu de moi ? Te souviens-tu, même ?

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« Tu crois pouvoir m'atteindre ? Mais enfin, je suis déjà morte, rien de ce que tu feras ne changeras ça. Par contre, ce que je ferais de toi... Voilà qui peut m'apaiser. »
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MessageSujet: Re: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeLun 22 Juil - 13:30


Le son d’une âme qui se brise  
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  Le souffle si court de la jument enveloppait le gris d'un halo glacial. Son esprit fonctionnait au ralenti, incapable de comprendre le pourquoi du comment. Il était perdu. Elle semblait si désemparée, colérique. Pourquoi sa simple rencontre l'avait-elle chamboulée à ce point ? Il l'avait elle aussi aimée, d'un sentiment si fort que ses rêves étaient hantés par sa vision, quelques temps après leur merveilleuse danse. Elle était restée, minuscule fragment d'un passé, dans son cœur, qui l'avait volontairement oubliée. Mais l'épine venait de se réenfoncer douloureusement, et intérieurement il souffrait, presque brisé, alors qu'il n'en était rien au-dehors. Une fierté non feinte, une tentative de garder pied, pour ne pas sombrer avec elle. Mais il voulait retrouver celle qu'il avait découverte, en même temps que lui. Et pourtant, elle n'était qu'un être bouffé par la colère, et chaque respiration brûlante de haine le consumait.  

 Le sang jaillissait de son poitrail, et des gouttes écarlates tombèrent sur le sol, dans un clapotement régulier. Le silence envahi par la métaphore de son être, qui chutait lentement, se dégradant au fil des coups. Sa peau arraché, meurtrie, il en faisait abstraction, même s'il avait mal. Si mal. Un corbeau croassa, et il s'envola lourdement, de cet arbre ébène. Une branche craqua, quand il prit son envol, et Stardust le suivit des yeux, méthodiquement, dans le ridicule espoir qu'il l'emmène loin du monstre couvert de cicatrice et dénué de crinière. Mais bientôt le volatile s'en alla si haut que les feuillages d'un vert terne le cachèrent, et ils n'étaient plus que deux. Oh qu'il voulait rejoindre Martin, mais il serait lâche s'il partait sans connaître la raison de cette fureur. Et il ne supporterait pas vivre sans savoir. Savoir la raison de tout ce sang gaspillé, de toute cette peur qui le paralysait presque.

 Le licol de l'autre lui tirait la tête, mais elle paraissait encore vouloir le frapper. Alors que ses fanons ensanglantés de sa propre vie n'étaient plus à sa portée. Et la minable peur qu'elle réussisse à s'échapper de cette poigne de fer lui effleura l'esprit. Il mourrait, elle serait capable de le tuer ! Non, il se battrait en cas de nécessité, bien que l'idée d'abîmer ce corps auprès duquel il avait été si proche lui était impossible. Elle y était arrivée, elle, avec un naturel et une précision à en intriguer plus d'un. Dans un murmure quasiment indescriptible, elle l'interrogea :
- Que te souviens tu de moi ? Te souviens-tu, même ?

  Le pommelé cligna bêtement des yeux, étonné par la question. Elle avait été sa première fois, l'une des seules juments de son passé qui resterait dans son cœur à jamais. Sans doute à cause de son innocente jeunesse, de l'ivresse de cette presque inaccessible liberté, elle l'avait attirée à lui. Mais ça avait été comme une idiote évidence. Elle, si seule, si désemparée, dans cet hostile désert. Il n'avait pas pu résister à cet appel féminin, oubliant toutes ses bonnes manières. Il secoua la tête négativement, d'un mouvement si lent et lourd qu'il en était douloureux. La pellicule de sueur sur son encolure se mêlait à la moiteur des lieux et de sa peur et de quelques gouttes ensanglantées qui avait bondi jusqu'à son cou. Il rétorqua, d'une voix claire malgré le désarroi qu'il ressentait :
"Non, je ne me souviens pas de toi…"

   Son cœur battait furieusement dans sa poitrine. Il craignait qu'avant de reprendre, elle se mette dans une fureur plus noire encore, plus dangereuse. Elle lui avait montré de quoi elle était capable. Peut-être pour l'inciter à bien répondre à ses questions, à être le plus prudent possible, ou bien parce qu'elle avait simplement le sang chaud. Dans tous les cas, il avait retenu la leçon. Ses blessures en étaient la cause. Le silence dura quelques instants, le temps qu'il réfléchisse au tournant que sa phrase pourrait prendre. Il ne fallait pas qu'elle croie qu'il se moque, puisqu'il était sincère. Mais elle ne l'avait pas connu assez pour le savoir. Pour le connaître suffisamment. Lui-même venait de découvrir qu'elle avait au minimum deux facettes. Deux antipodes, même.

 Stardust soupira, et reprit, les yeux mi-clos, puisant ses dernières forces pour la regarder en face :
Mais de nous. Dans ce désert, il y a trois printemps."

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MessageSujet: Re: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeSam 3 Aoû - 18:40



Le son d'une âme qui se brise
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« Je crois être sûre  que tu es la cause de tous mes maux»
Et ses yeux bleus s'arrondirent de surprise, puis la lente saccade de sa tête annonça sa réponse lorsqu'il dit, aussi clair dans ses paroles qu'elle était floue dans les siennes :

- Non, je ne me souviens pas de toi…

Son cœur, qu'elle avait cru déjà mort, semblait cependant avoir assez de vie pour lui donner l'impression de se fracasser. Elle hoqueta, parce que c'était une douleur bien trop physique, et même toute sa façade de mur froid et insensible ne pouvait tenir face à un tel assaut de souffrance. Elle sentit de la pluie rouler sous ses yeux avant de réaliser... Elle pleurait. Elle pleurait à torrent, silencieusement.

Son enfant, qui n'avait connu le soleil qu'à peine pour trois courtes journées, n'était même pas un fantôme de souvenir dans la seule autre personne pour qui il aurait pu avoir de l'importance. La seule trace de son existence, c'était dans sa mémoire, et qui savait combien de temps elle durerait ? Un jour Eshervell rencontrerait quelqu'un de plus susceptible, et plus fort que tous les autres chevaux jamais rencontrés auquel elle s'était confronté. Et alors, ce jour là, l'unique chose de belle qu'elle avait jamais fait dans sa vie... disparaîtrait.

Elle ne pouvait laisser cette prophétie se réaliser. Alors qu'elle rivait ses yeux, son regard rendu flou par les larmes, dans ceux de l'étalon, celui-ci reprit la parole, pour l’assommer à nouveau :

- Mais de nous. Dans ce désert, il y a trois printemps.

Immédiatement, elle ressenti un profond apaisement. Il restait toujours ce fantôme dans une autre mémoire que la sienne. Puis vint la douleur lancinante de la tristesse, qui avait jusqu'à présent été caché sous la colère. Mais la colère s’essouffle...

Son petit aurait eu trois années. Oh, le temps passait si vite que c’en était criminel. Ne pouvait-on pas l'arrêter, un instant, ou deux, et prendre le temps de contempler ce qui disparaîtrait bien trop vite ? Eshervell était devant le père de son enfant. Et elle ne voyait que les souvenirs.

Pourtant, lui aussi avait grandi. Il avait pris des formes harmonieuses, et les muscles roulaient sous sa peau. La grande bai, hier comme aujourd'hui, restait convaincue de sa beauté et de la paix tranquille qu'il représentait... Même le poitrail ouvert et gouttant de sang. Il ne lui vint même pas à l'esprit d'à quel point il devait souffrir en ce moment même. Ou alors, de sa part infime qui était la vengeresse, qui appréciait l'idée qu'il souffre, même si ce n'était qu'à peine un millième de toute la douleur qu'elle avait ressenti à cause de lui.

Elle inspira alors, douloureusement, et annonça :

- Nous avons fait un fils, ce jour là-

La brûlée avait eu l'intention d'achever sa phrase en annonçant ce qui lui était arrivé, mais ces mots étaient si lourds de sentiments, que ses lèvres n'avaient pu soulever leur poids.

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MessageSujet: Re: "Le son d'une âme qui se brise" - Stardust et Eshervell    "Le son d'une âme qui se brise"  - Stardust et Eshervell  Icon_minitimeMer 14 Aoû - 19:47


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Et le coup assuma la jument, qui lâcha un hoquet de surprise. Ses muscles s’affaissèrent l’espace d’un instant, et il retrouvait le fantôme fragile qui l’avait tant ému il y a de ça quelques années. Le cœur n’était donc pas mort dans ce monstre, qui s’était sans pitié acharné sur lui, qui lui avait explosé les veines, pour que le sang jaillisse de son poitrail. Au fond, son palpitant battait encore, mais juste pour survivre. Elle paraissait tant mal en point, bouleversée, assommée par ses propres mots, à lui, qui la faisaient souffrir. Oh, qu’il aurait souhaité qu’elle se réfugie, qu’elle pleure contre lui. Parce qu’elle pleurait, à chaudes larmes. Et il se sentait responsable de son malheur, de ce torrent d’émotions qui la ballotait, sans qu’elle n’en reprenne le contrôle.

Stardust la fixait, incapable de faire autre chose, incapable de prendre ses responsabilités et de la rejoindre, quitte à se faire frapper encore et encore. Ses sabots étaient ancrés dans le sol recouvert d’épines de pin, le paysage autour d’eux était flou. Un séisme aurait pu le renverser, il n’aurait pas bougé plus. Puis, une fois que sa deuxième vague de mots franchirent ses lèvres, la baie se détendit imperceptiblement, juste un chouilla, qui le réconforta pourtant. Jamais il n’aurait pu l’oublier, et le tableau de sa silhouette isolée dans cette plaine brûlante dansait encore dans son esprit, simple image de la douceur qu’elle avait représentée pour lui.

Le regard de la jument s’attarda sur lui, décryptant silencieusement son corps sculpté, pour enfin croiser ses iris océanes. La crainte de lire dans ses yeux sombres toute la haine du monde l’inquiétait, mais la tristesse, le désespoir qui y résidait n’était pas plus réconfortant. Il y avait trois années de cela qu’il l’avait croisé pour la première fois, et qu’il s’était tant attaché à elle. N’avait presque jamais souhaité se séparer d’elle. Comme envoûté par ses prunelles de jais. Et là, il était une fois de plus incapable de bouger, hypnotisé, attendant des mots, des mots de colère, d’amour, de peine.
« Nous avons fait un fils, ce jour-là … », annonça-t-elle, d’une voix hachée par la tristesse.

Et ce fut à son tour de hoqueter. Ses membres robustes se mirent à trembler, soutenant à peine son poids. Oh, il aurait pu être heureux, un brin fier, de leur union, mais un sentiment d’inquiétude le paralysait. Elle n’avait pas le droit d’être triste. Cet enfant, quel que soit son caractère, restait son fils, et pourtant les mots semblaient avoir brûlé ses lèvres. Prononcer une nouvelle d’une si importante envergure avec cette douleur frôlait la folie. Son cœur s’emballa, et il attendit, dans un silence sourd, une suite qui ne venait pas. Un stress violent s’engouffrait dans son esprit chamboulé, dansant avec ses mauvaises ondes, riant tel un démon dans les oreilles fines du pommelé, qui n’en finissait pas de paniquer.

Il lui était arrivé un malheur, c’était ça ? Non, il ne pouvait imaginer qu’à peine père, on lui arrachait son poulain des sabots. Il ne savait rien de lui, d’elle non plus, et pourtant il voulait le connaître. Dans ses veines de jeune étalon, de trois années, donc, coulaient son sang. Il était le fruit de ses entrailles, à lui, monture de soldat, à elle, jument sans identité. Deux inconnus qui avaient créé un gosse, destiné à grandir dans ce monde plein de dangers, mais aussi de joie. Vivait-il avec elle ? Ou était-il dans la cavalerie ? Non, il l’aurait reconnu, sans doute. Etait-il né avec des cicatrices, ou bien non ? Oh, la panique l’avait envoûté, et il pensait à mille conneries à la fois, perdu, rajeuni. Lui qui avait enfin trouvé ses traces se retrouvait une fois de plus balancé dans l’univers de la paternité dont il ne connaissait rien.

D’une voix rauque, causée en partie par son souffle court, il s’écria :
« Où est-il ? Il va bien ? Pensez-vous qu’il m’aimera autant que je vous ai aimé ? »

C’était à dire, énormément. Alors qu’ils ne s’étaient vu qu’un fugace instant.

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