« On dit que la légende de l'Ouest fut écrite sur la selle d'un cheval. Mais aucun cheval ne l'avait contée avec son cœur... Jusqu'à ce jour... »
 
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

 

  « Even the light hurts after being too long in the dark »

Aller en bas 
AuteurMessage
Atlas

Vache en kilt adoratrice de cornemuse

Vache en kilt adoratrice de cornemuse
Atlas

Messages : 789
Points d'XP : 330
Date d'inscription : 23/12/2016
Age : 23
OC : Anoki - Ühesilmne

Qui suis-je ?
Genre : Masculin
Grade : Dominant
Autres infos :

 « Even the light hurts after being too long in the dark » Empty
MessageSujet: « Even the light hurts after being too long in the dark »    « Even the light hurts after being too long in the dark » Icon_minitimeDim 27 Sep - 21:27



Even the light hurts
ATLAS


Il était trop tard. Trop tard pour se racheter, trop tard pour que sa famille puisse lui faire ses derniers adieux. Le cœur si près du sien ne battait plus. Atlas savait que le blond aurait dû vivre. Que lui aurait dû mourir. Il le voulait si terriblement. Chaque souffle, chaque battement de cœur lui coûtait. L'empoisonnait un peu plus. Et là, contre son corps, Forêt Noire était si paisible à présent. Plus de douleur, plus de tristesse. Plus rien. Juste un paisible silence. Mais la mort ne marchandait jamais. Elle prenait la lumière et étendait l'ombre. La mort n'avait rien des ténèbres qu'on lui attribuait ; elle n'était que le vide. Et le vide, c'était si beau.

Il y eut un pas léger à proximité. Atlas tourna les oreilles, mais n'esquissa pas d'autre mouvement. Le troupeau était-il arrivé ? Non. Il n'y avait qu'un seul individu. Il se décida à se relever, bien qu'en cet instant, être vu dans un état si pitoyable lui importait peu. Avec douceur, il s'écarta du corps de Forêt Noire et se redressa. Son sang s'était accroché à son poil, collait ses crins, et son regard humide n'exprimait plus qu'une lourde lassitude. Il était misérable, pathétique, mais il s'en moquait. Il l'avait toujours été.

« Il est mort. »

Sa voix grave sonnait étrangement. Il avait posé les yeux sur la jument blanche qui le dévisageait, à quelques mètres de là. Une des juments de son troupeau, à en juger par son odeur. Ses entrailles se tordirent légèrement. S'ils suivaient les derniers mots du défunt, elle serait à présent l'une des siennes. Il prit une inspiration pour dissimuler le tremblement qui le gagnait.

« Il n'avait pas de successeur, n'est-ce pas ? »

Son regard s'était de nouveau porté vers l'alezan. Il reconnaissait à peine sa voix, qui vibrait difficilement à travers sa gorge nouée. Il espérait que la jument le démente, que son troupeau soit en sécurité loin de lui, que ses paroles n'aient été qu'un délire de mourant. Les morts déliraient souvent dans leurs derniers instants, il le savait mieux que quiconque. Mais il peinait à se raccrocher à ce futile espoir, qui lui paraissait si incongru.

« C'est toi, son successeur. Il l'a annoncé à Danny avant... »

Elle se tut, et Atlas se demanda si sa propre voix était aussi lourde et éraillée que la sienne. Il savait que Forêt Noire avait été extrêmement proche de son troupeau, et que sa perte allait probablement affecter douloureusement beaucoup des siens. Tant de chagrin par sa seule faute.

« Tu avais dit que tu n'oubliais jamais. »

Atlas dévisagea la jument. Il y avait comme un triste reproche dans son ton.

« Autrefois, peut-être. » répondit-il après un silence.

A présent, l'oubli était tout ce à quoi il aspirait. Un oubli définitif et réciproque. Il y avait longtemps déjà que son corps aurait dû reposer dans la poussière au fond du gouffre, avec des os brisés en millions de petits éclats.


(c) PF


Dernière édition par Atlas le Dim 23 Jan - 21:31, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Atlas

Vache en kilt adoratrice de cornemuse

Vache en kilt adoratrice de cornemuse
Atlas

Messages : 789
Points d'XP : 330
Date d'inscription : 23/12/2016
Age : 23
OC : Anoki - Ühesilmne

Qui suis-je ?
Genre : Masculin
Grade : Dominant
Autres infos :

 « Even the light hurts after being too long in the dark » Empty
MessageSujet: Re: « Even the light hurts after being too long in the dark »    « Even the light hurts after being too long in the dark » Icon_minitimeJeu 1 Oct - 22:40



Even the light hurts
ATLAS


La jument se rapprocha d'un pas timide. Atlas l'observa distraitement : sa silhouette gracile mais robuste de mustang, ses yeux emplis d'une sorte d'amertume, sa robe d'écume. Elle portait encore les traces que laissait la vie de solitaire, dans la façon dont son corps agissait, la fébrilité de ses membres, la mobilité de ses oreilles. Un qui-vive permanent, instinctif, involontaire. Depuis quand se trouvait-elle auprès du troupeau ? Suffisamment longtemps pour s'être rapprochée de Forêt Noire ? Pour être dévastée de sa mort ? Pour souffrir toute la souffrance qu'il rejetait ?

« Ce devait être un excellent chef de harde. Il ne méritait rien de tout cela. »

Le concept résonnait au fond de lui, titillait son cerveau, s'accommodait du reste de ses pensées. Et son écho échappait à ses lèvres et se répandait en mots intelligibles, concis, expressifs. Quelle étrange chose que la sincérité. Atlas ne l'expérimentait guère souvent. Les mots dissonnaient toujours de sa pensée. Si seulement il en avait été autrement, Forêt Noire serait sans doute encore en vie. Il serait auprès de son troupeau, à veiller sur eux, à les aimer. Il ne méritait pas ce que lui avait fait subir le Clydesdale, et celui-ci en était conscient depuis les premiers instants. Mais il avait été si faible, si aveuglé par la haine qu'il incarnait. Si stupide. Si seulement il était mort dans les flammes, ce soir-là... Que sa mère avait vécu, et non lui. Tant d'autres cœurs battraient encore, tant de vies n'auraient pas été brisées.

« Tu seras un excellent successeur. Il avait confiance en toi. »

La jument était toute proche à présent. Atlas aurait voulu qu'elle s'éloigne, qu'elle parte, que plus jamais personne ne l'approche. Garder loin du loup toutes les brebis. Il voulait la repousser, la frapper, la blesser pour qu'elle ne revienne plus. Mais il se refusait à se laisser encore dominer par ce monstre, à faire éclater sa rage alors même que le corps de Forêt Noire gisait à quelques pas de là. Il ne voulait pas de son troupeau. Il ne voulait rien que mourir.

« Je ne peux pas. Trouvez quelqu'un qui en sera digne. »

La rage et la douleur se mêlaient inextricablement dans sa voix rauque. Une part de lui s'en voulait d'avoir craché ces mots avec une telle colère. Mais il espérait que faire étalage de mauvais caractère la tiendrait éloignée de lui.
Il jeta un dernier regard au corps de Forêt Noire, étendu dans l'herbe. Son troupeau arriverait bientôt. La jument ne craignait probablement rien, en attendant leur venue. Quant au dominant, il n'aurait plus jamais rien à craindre. Atlas prit une inspiration, et fit demi-tour. Il avait besoin d'être seul. À jamais. Mais il savait que cela serait impossible, que ses devoirs le rapelleraient bientôt auprès de son propre troupeau. Qu'il devrait accomplir la mission auquel il restait éternellement lié par les chaînes qu'il s'était lui-même imposées. Jusqu'à ce que la mort, enfin, vienne le délivrer. Qu'elle renvoie aux enfers ce diable qui en avait jailli. Il n'avait jamais pu se soustraire à cette vie tracée d'avance, à ces devoirs qu'il ne comprenait pas. Il avait cru entrevoir la lumière au bout du tunnel, la terrible libération de la déchéance. Il avait laissé les flots l'engloutir, avant de découvrir que c'était à la surface que brillait l'étincelle. Avant que son fils ne surgisse et ne le force à retourner vers ce monde si bruyant, si aveuglant, si douloureux. Il attendrait encore la mort, toujours. Mais Hypérion était la bouée qui l'empêchait de laisser son souffle se noyer.

« Tu en es digne. Il t'a choisi. Et si tu ne l'acceptes pas, je te suivrais quand même. »

Il s'arrêta. La jument s'était jetée face à lui, barrant son chemin de son corps immaculé. Dans ses yeux fusaient les mêmes éclairs qui transparaissent dans sa voix. Une étrange colère faisait vibrer ses muscles et frémir ses naseaux. Une amère détermination, quelque chose qui lui interdisait tout refus. Qui hurlait qu'elle tiendrait parole, que rien de ce qu'il puisse dire où faire ne lui ferait changer d'avis. Évidemment, il connaissait par cœur le moyen de parvenir à ses propres fins. Mais il ne tuerait pas. Pas elle, pas cette fois, pas encore.

« Il n'a choisi qu'une illusion. Il se trompait. » cracha t-il, plus contre lui-même que n'importe qui d'autre.

La terrible envie de bousculer la jument, peut-être même la piétiner, pour continuer son chemin étouffait ses pensées. Mais ses membres refusaient d'obéir.

« Il savait ce qu'il faisait !
Je l'ai tué ! »

Il hurla ces mots avant même de n'avoir le temps de les retenir. Son corps entier tremblait, déchiré entre rage et douleur. La jument, si véhémente l'instant d'avant, se figea sans même qu'il ne s'en aperçoive.

« S'il ne m'avait pas aimé, si je n'avais pas été si stupide... Il ne l'aurait pas attaqué... Il serait encore en vie... »

Il était incapable de retenir sa voix tremblante, pas plus que la douleur qui explosait dans ses yeux en une pluie de rosée salée. Tout en lui cédait, se brisait, l'édifice s'effondrait sous son propre poids. Il était étranger à sa propre existence, à son propre corps, il n'était plus qu'une lancinante souffrance qui le dévorait.

« Ç'aurait dû être moi... »

Les mots s'échappaient comme si la bête en lui les pourchassait et s'apprêtait à les déchiqueter. Il n'avait plus même conscience d'agiter les lèvres, assourdi par tout ce qui rugissait dans son cœur. Ses blessures hurlaient comme des spectres. Il ressentit à peine la chaleur contre son corps, et s'y accrocha désespérément. Le monde entier basculait dans un gigantesque tremblement qui l'éventrait et exposait ses noirs abîmes.


(c) PF
Revenir en haut Aller en bas
Atlas

Vache en kilt adoratrice de cornemuse

Vache en kilt adoratrice de cornemuse
Atlas

Messages : 789
Points d'XP : 330
Date d'inscription : 23/12/2016
Age : 23
OC : Anoki - Ühesilmne

Qui suis-je ?
Genre : Masculin
Grade : Dominant
Autres infos :

 « Even the light hurts after being too long in the dark » Empty
MessageSujet: Re: « Even the light hurts after being too long in the dark »    « Even the light hurts after being too long in the dark » Icon_minitimeDim 4 Oct - 22:09




"Ce n'est pas ta faute."

Atlas prit brusquement conscience de la proximité de la jument à la robe d'écume. La chaleur de son corps se glissait jusqu'à son cœur, et son parfum emplissait ses naseaux jusqu'à en chasser les relents du sang.

"Tout a toujours été ma faute." murmura-t-il en s'efforçant de reprendre le contrôle.

Il ne s'efforçait pas même de retenir le flot salé. Il en aurait été incapable. C'était une mer déchaînée qui venait de faire céder le roc, une mer gonflée par des années de pluies interrompues qui n'avaient que si peu de fois trouvé le moyen de se frayer un passage vers la liberté. Une mer balayée par une tempête qui, depuis ce jour où la fumée avait dévoré sa première inspiration, grondait à l'horizon. Même le monde et le ciel noir lui semblaient bien légers face à la furie de ses propres entrailles. Le titan n'avait jamais été de taille pour lutter contre le plus féroce de ses démons : lui-même.
Il se contentait de s'accrocher à un monde plus tangible, celui où ses sabots reposaient avec une étonnante lourdeur sur l'herbe, où une brise légère glissait sur son dos, où la peau d'une étrangère s'appuyait contre son corps et l'embrassait de sa chaleur. Il concentrait son attention sur le phare de ses sensations pour se guider à travers l'obscurité. Pour ne pas perdre pied, ne pas avoir à songer à quoi que ce soit. Dans les ténèbres, la plus infime ombre devient le monstre qui vous guette. Dans la tempête, les sirènes chantent les mystères de la déchéance.

"Quelqu'un m'a un jour dit que les démons eux-mêmes étaient pourvus d'ailes pour toucher le ciel."

Atlas sentit le léger tressaillement de sa peau contre la sienne. Il gonfla ses poumons d'un air chargé de parfums douloureusement familiers, qui martela à son esprit l'image du cadavre gisant.

"Et quelqu'un m'a répondu qu'ils n'étaient que des anges déchus."

La jument se figea, et eut un recul surpris. Le vide, froid et transparent, se heurta aux chairs du Clydesdale sans qu'il ne puisse savoir si le frisson qui le gagna était empreint de déception ou de soulagement. Elle leva vers les yeux d'Atlas ses orbes aux prunelles écarquillées.

"Tu te souviens ?"

Il détourna son regard où hurlait l'évidence. Comment aurait-il pu oublier ? Toute sa volonté était impuissante.

"Je n'ai jamais été un ange."

Il n'était qu'un survivant. Pas un miraculé, pas même un guerrier. Juste un survivant, avec une partie de lui-même qui était restée dans la mort. Une ombre informe. Un semi-être dont chaque inspiration était contre-nature. Il n'était qu'un monstre blessé et abandonné au bord du chemin.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




 « Even the light hurts after being too long in the dark » Empty
MessageSujet: Re: « Even the light hurts after being too long in the dark »    « Even the light hurts after being too long in the dark » Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
« Even the light hurts after being too long in the dark »
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cimarron RPG :: RP :: RPs-
Sauter vers: