« Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais. »

« Le montagne stanno ferme e gli uomini si muovono. »
« Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais. »

ft.

La jument ralentissait quelque peu son allure, tandis que les portes du Fort se détachaient de l'horizon. Depuis l'aube, elle avait rejoint un groupe de patrouille. C'était sa première sortie depuis son arrivée toute récente. Et, elle n'avait pas osé sympathiser avec les autres chevaux. Elle était restée silencieuse et réservée, ne profitant que de l'affection de son cavalier.

Ce dernier semblait changer de position sur sa selle, d'ailleurs. Bella sentait que l'homme glissait doucement sur le côté, et que ses rênes se faisaient plus lâches. Il somnolait. Depuis leur départ du Fort, il avait eu l'air fatigué, mais sa posture trahissait un sommeil imminent. La jument baissait la tête et tendait les rênes d'un coup. Andrés sursautait. Il reprit ses esprits, et comprenant la manoeuvre de sa monture, il flattait l'encolure de la belle en remerciement.

Les grandes portes s'ouvraient face au groupe. Bella fermait la marche. Son regard balayait sa gauche puis sa droite. La vie avec la cavalerie était encore une nouveauté pour elle, qui avait vécu au sein d'un groupe de nomade. Le soldat guidait la belle non loin de la stabule, où il l'attachait à une poutre le temps de retirer son harnachement. Il la délestait de sa selle et de son tapis, et l'abandonnait un moment le temps de récupérer son matériel de pansage.

Ciao, la tête baissée, se sentait un peu perdue. Avec ses longs crins et son épaule vierge de tout marquage, elle ne se sentait pas vraiment à sa place. Elle se contentait de rester silencieuse aux côtés de ses collègues inconnus.

Même les montagnes se rencontrent un jour.

Ft. Bella Ciao

"Sur toute montagne, un sentier mène au sommet."

Tialmah se sentait... perdu. Même si ce mot lui arrachait la bouche. Lui, faible ? Perdu ? Pfff. Pourtant c'était le cas. Il avait reçu de nombreuses promesses. "Ta maman n'est pas morte." "Ton père est vivable finalement." "Je retrouverais Asrae." "Je serais là pour toi." Mais il avait juste envie de toutes les envoyer bouler. Elles lui donnaient l'impression de chaînes. De gens qui s'attendaient à ce qu'il s'appuie sur eux... Franchement, faisait-il à ce point pitié ?

Pourquoi perdu, alors ? Parce que malgré tout, il avait vraiment l'impression de s'appuyer sur eux... Et ce n'était qu'une absence. Il devait pouvoir être seul. Il devait pouvoir ne compter que sur lui-même, pour être une base stable pour Ebony.

Le jeune bai soupira. Mais se lamenter n'était pas constructif. Il releva les yeux et parcourut son monde du regard. Vide, vide, et vide. Soudainement, de l'agitation parcourut le Fort comme les hommes se précipitaient pour ouvrir les portes.

Il n'avait plus d'espoir de voir apparaître une robe rouge parmi les brunes des montures-soldats, mais son regard s'attardait toujours malgré lui sur les arrivants. Et si bien évidemment rien de rouge n'arriva, une étrange jolie robe, moitié brun très clair, moitié blanche, tranchait néanmoins de la troupe. Sans compter, réalisa t-il alors que la propriétaire de cette singularité approchait, qu'elle avait les crins, d'un noir de jais, entiers !

Le soldat attacha sa monture à une poutre en attendant son pansage, et Tialmah en profita pour longer les murs de la stabule jusqu'à arriver à portée de voix. Là, il lança, n'ayant aucune idée de comment introduire la conversation, mais fasciné par sa façon d'être extraordinaire :

- Salut. Enchanté. Tialmah. Vous êtes nouvelle ici ?

(c)Pasradoxe

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