This is about you ft Flamme

Flamme galopait à une certaine allure, toute ravie. Ravie pour quoi ? Elle-même ne savait pas, mais la journée était belle, le soleil brillait, quelquefois caché par les petits nuages blancs, semblables à des moutons. Une légère brise soulevait ses crins couleur de l'astre se couchant donnant l'air d'un incendie dans les montagnes. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle se rendait, voulant apprécier la magnifique vue qui s'émanait de ce lieu. Être libre, reine du monde. Tel était son but. Et de toute façon, il n'y avait qu'elle qui pourrait un jour tout dominer, après tout. Alors oui, elle était jeune, mais un jour tous les étalons ramperaient à ses sabots, époustouflés par sa beauté, et son caractère si … Caractériel ?

Une petite odeur particulière et inconnue de ses naseaux crème l'intrigua. Qui était si fou pour se planter sur le chemin de la fantastique, la fameuse Flamme ? De son allure impérieuse, elle accéléra doucement, trop pressée de voir quelle tête avait son adversaire. Les petits cailloux accompagnaient sa folle course, sautillant d'entrain, avant de débouler les raides pentes. Puis elle se trouva face à une autre pouliche, qui la fixait avec étonnement. Mais que son regard était dénué d'intelligence !

Ah, mais nan, sans doute n'avait telle jamais vu quelqu'un d'aussi beau. Avec un petit mouvement de tête balançant son toupet encombrant (mais rappelons-nous bien qu'il est tout de même divin et coquet), l'indienne détailla sans se cacher l'autre. La petite était tout sauf gracieuse, avec ses membres plus grands que son corps, tant de disproportionnalité l'outrait d'ailleurs ! Une étrange liste lui barrait sa tête de couleur boue, alors que ses flancs étaient légèrement plus clairs. L'ambre grimaça de dégoût et de mépris pour la chose qui osait lui barrer la route.
"Bon. On va mettre les choses au clair immédiatement. T'es qui, toi ?"

 

Un méchant rictus s'empara du pauvre visage ridicule de la petite domestique. De quel troupeau elle venait, au fait ? Flamme inspira longuement son odeur, perplexe. L'odeur d'hommes et d'autres équidés s'était imprégné sur son pelage ignoble, mais elle ne sentait pas la sueur comme la plupart des chevaux de soldats qui, parfois venaient sur le campement. Non, elle ne parvenait pas donner un nom à sa "famille". La plus jeune releva le menton, très princesse, et lui rendit son regard hargneux.
"Si tu commençais par te présenter, ça serait plus aimable nan ?"

    Ah ! Elle a un peu de répartie, celle-là. Bien. Cela risque d'être amusant ! L'indienne lâcha un pauvre sourire de pitié. Jamais on n'égalerait Flamme dans le domaine ! Mais on pouvait toujours s'y essayer, c'est bien de tenter sa chance. Elle l'observa, dans ses yeux dansait une lueur mauvaise. Elle le regretterait, sans aucun doute.

    Pour qui se prenait-elle, en plus de cela ? Elle n'était pas sur ses terres, mais sur les terres de la reine ambre champagne. Alors elle n'avait qu'à s'incliner et baisser les yeux. Son port de tête altier, elle pouvait le remballer. La pouliche la dominait même grâce à la hauteur de ses membres.
"Tu ferais mieux de te calmer, tu n'es pas chez toi, tu sais. Alors respire, et réponds-moi gentiment si tu en es capable. Ce qui m'étonnerait, d'ailleurs !"

"- Je suis pas chez moi ? Parce que les terres sauvages ont des propriétaires maintenant peut-être. Humpf."

    Qu'elle était stupide … Dieu qu'elle était stupide. Elle n'était pas en terre sauvage, mais sur la terre des indiens. Indien, compris ? Elle devait être aveugle, alors, pour ne pas avoir remarqué la marque sur sa croupe. Qui ne distinguait pas dès le premier regard les peintures badigeonnées sur les pelages des Lakotas. La gamine lâcha un rire qu'elle dissimula à grand peine, en détournant son affreuse face pour cacher son sourire. Qu'elle était laide, en plus de ça … Finalement, elle revint, plus sérieuse. Son stupide rictus disparut, bien que ses pauvres yeux marrons brillaient encore méchamment.
"- Attends, c'est toi qui parle de gentillesse ? Laisse moi rire, rappelle moi qui est venue m'agresser au lieu de me laisser tranquille ?!"

   Heu. On répète ? Flamme resta bête quelques instants. Qui était entrée sur sa terre, alors qu'elle se baladait sans penser rencontrer une autre peste ? L'autre, la moche. Elle recula légèrement les oreilles, tellement mécontente, et horripilée par cet individu qui polluait sa journée. L'ambre secoua la tête, dégoûtée de la mauvaise foi que les gens pouvaient avoir.
"Bienvenue chez les indiens, ma petite. Et oui, tu es chez moi, ici.", fit-elle en insistant sur l'avant-dernier mot, un sourire moqueur sur le coin des lèvres."Ah, et je me dois de faire déguerpir les intrus indignes d'aller sur ce lieu.", finit-elle, un sourcil haussé, attendant avec impatience la réaction de la pouliche.

""-Bien-sûre, la peinture est bien la seule chose des Lakotas que tu as repris, bien loin de leurs façons de penser. ET puis, j'avais oublier que les montagnes entière t'appartenais, excuse-moi. Super, tu dois être très utile, vraiment contente de l'apprendre."

    Flamme resta outrée devant la gamine qui se permettait de la juger. Elle qui croyait que les autres n'auraient pas pu l'atteindre tant elle était une peste, l'erreur se trouvait devant ses yeux. Heu, rectification, sous ses yeux. Au moins, elle n'était pas plus belle qu'elle, ni plus grande. Elle pouvait au moins s'en réjouir, bien que la personnalité que la pouliche avait ne lui plaisait pas tant. Bien qu'il était amusant que quelqu'un renvoie la balle, ça rend la chose plus amusante encore que de se prendre un mur dans la tronche.

    Cependant, le fait qu'on lui reproche de ne pas prendre les "leçons" des indiens au sérieux l'horripilait. Ca devait être les seules paroles de sa vie qu'elle avait écouté, et peut-être respecté de temps en temps. Un intrus était sur ses terres, elle se devait de vérifier qu'il n'était pas dangereux. Alors, certes, elle avait quelquefois fait les règles à sa manière, mais bon. Elle s'était inspirée de celles d'Anoki, et de Midnight …
"Je suis une pouliche, j'ai besoin de m'entraîner sur des petits intrus, des proies faciles.", répondit-elle, en détaillant la sale gosse avec une moue dédaigneuse.

    Bien. Maintenant que les choses étaient mises au clair, pas forcément à plat, - Flamme doutait qu'elles réussissent à s'entendre -, elles pouvaient discuter. L'ambre engagea la conversation, légèrement soupçonneuse. Peut-être que la fugueuse ne parviendra pas à aligner quelques mots sympathiques, et saisirait la moindre perche pour se moquer, et la rabaisser. Dans le cas suivant, l'indienne ne se gênera pas pour rajouter du piment, comme elle savait si bien le faire.
"Comment t'appelles tu ?"

La jeune la fixa avec étonnement. Il était possible qu'elle était déçue de ne plus pouvoir l'enfoncer plus bas que terre, ou heureuse de pouvoir discuter sans s'insulter à tout bout de champ. C'était déjà bien plus mature, de converser sans se sentir agresser face à l'autre. Enfin, simplement quand l'autre avait plus ou autant de répartie que soi-même. Flamme était assez fière de la pouliche, fière de savoir que quelqu'un d'autre qu'elle avait pour but d'attaquer, d'attaquer, de détruire l'autre mentalement. Elle lâcha un sourire, simple miroir de l'autre, qui répondit :
"Rey. Et toi ?"

    La champagne la fixa, en quête d'une quelconque émotion sur le visage marron de l'autre. Elle ne semblait pas moqueuse, ou du moins ses oreilles en avant, et le rictus sur le coin de ses lèvres détrompaient ceci. Ses yeux ambres ne la lâchaient pas, attendant une réponse. Elle était peut-être sincère, après tout. Bien.
"Flamme."

     Si elle avait su que ce nom la représentait autant, dès sa naissance, elle aurait demandé à sa mère de lui donner. Les indiens l'avaient renommé, et plus jamais personne ne connaîtrait le surnom ridicule que sa génitrice lui donnait toujours. Dans un frisson, elle se rendit compte qu'elle était triste, ou du moins, pas forcément super joyeuse. Nostalgique. Oui, nostalgique. Elle était seule, malgré que tous essayaient de la mettre à l'aise. Et forcément, ses pensées se tournèrent vers la petite princesse, Ozalee, et son père, Anoki. Ceux-là formaient un duo si compact, si uni, qu'elle ne pouvait les observer, beaucoup trop émue.

      Quand elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte qu'elle s'était naturellement tournée vers l'horizon, plus sur la petite tête de sa congénère. L'indienne ne pouvait plus perdre la face comme ça, sans s'en rendre compte. Une boule s'était formée dans sa gorge, et quelques larmes lui picotaient les yeux. Déterminée à tourner une bonne fois pour toutes, elle répondit, d'une voix plus forte (sans doute que l'autre la trouverait très bizarre, mais elle s'en contrefichait) :
"Oui. Je m'appelle Flamme."

La pouliche intruse eut un instant d’incompréhension. Ses yeux sombres brillaient d’une dure lueur, et elle ne fut nullement sensible aux émotions qui ravageaient Flamme. Pourtant, celle-ci n’eut pas l’occasion de la rabrouer, vexée par le regard moqueur, car la plus jeune enchaîna :
"J'avais compris, merci, Flamme. Ravie de t'avoir rencontrer en tout cas."

L’ambre fut ravie de voir que le ton qu’elle employait était plus joyeux, moins narquois. Un sourire s’étira sur ses lèvres, pas un rictus méchant cette fois-ci. Un bruit de caillasse la fit se détourner. Une mini-avalanche de petits rochers déboula sur le flanc de la montagne, avant que le son mélodieux de leur chute ne s’estompe par la distance. Encore un cerf bien téméraire pour s’aventurer hors de leur espace de vie principal, la forêt. Enfin, ça ne sortait pas de d’habitude, alors elle se réintéressa à la nokota.
« Moi aussi ! De nos jours, on ne trouve plus grand monde avec le même caractère que le nôtre ! Ce qui est bien dommage … » répondit-elle avec mélancolie. Puis, d’une voix plus gamine, caractéristique à la pouliche qu’elle était sensée être, elle continua, ses iris enflammées brillant de joie : « Ca te dit qu’on soit copines ? »

Elle s’approcha encore un peu, d’un pas qu’elle emprunta à la ponette pie qu’elle avait rencontré un peu plus loin. Mais elle faisait bien moins pitié, cela faisait mignon sur elle.