"De croc et de crin" - Wolf's Song & Asrae

Asrae somnolait, fuyant de son mieux la chaleur écrasante du désert et de ce printemps qui prenait possession des températures. Même à l'ombre, il faisait encore chaud. Pourquoi, pourquoi de bon sang de bon sang, ces humains avaient-ils décidés de construire leur Fort au beau milieu du désert ?

Et en plus fallait-il qu'ils continuent leurs patrouilles habituelles par ces températures. Jack s'approchait, son licol à la main, et même si la jument rouge espérait que ce n'était que pour une petite détente dans la carrière, elle en doutait. D'un geste mécanique, il lui enfila ce dernier sur la tête, puis elle le suivit au milieu des autres chevaux jusqu'à la sortie du paddock. (arf, quitter l'ombre... Asrae poussa un soupir.) Une fois attachée à la barre de pansage, et une fois pansée, il lui enfila sa selle et son filet, puis ils se dirigèrent vers la sortie.

A l'inverse de sa sortie en plein hiver, la chaleur l’amollissait, et elle protesta de fouillements de la queue lorsqu'il la pressa de prendre le trot. Mais ils continuèrent. Puis, au galop, ils continuèrent. Et ils continuèrent, et continuèrent, et continuèrent.

Peu à peu, ils quittèrent le désert et le territoire des soldats, pour retrouver de la verdure, et - soit-ce loué ! - de la fraîcheur. Jack lui fit marquer une pause pour boire, puis ils reprirent le chemin encore une fois. Et, à l'horizon, puis devant eux, puis sous ses pieds, des monts apparurent. Elle ralentit jusqu'au pas pour négocier les chemins parfois caillouteux, tout en se posant la même et inlassable question, dont, bien sûr, elle ne pouvait avoir de réponse: Qu'est-ce qu'ils fichaient là?

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Quel est le défi aujourd'hui ?

Quel beau temps ! Quel beau soleil qui ramenait les douces températures sur les terres verdoyantes du Cimarron ! Tellement agréable...sauf quand on vit dans le désert. Wolf's pestait encore contre les humains et leurs exaspérantes manies de tout compliquer quand un soldat vint le chercher pour le préparer. Cette fois ci, ce n'était pas le colonel, certainement trop occupé, qui allait lui faire faire de l'exercice mais un cavalier d'âge mûr que Wolf avait aperçu quelques fois. Il le sella rapidement avant de se diriger vers la sortie.
Là, il monta en selle et mit l'étalon au trot. Celui ci obtempéra de mauvaise grâce, les oreilles couchées et la queue cinglant l'air chaud furieusement. Quelle idée de sortir par ce temps là ! Sur l'ordre de son cavalier, il accéléra et le trot s'étira pour devenir la valse cadencée du galop.
Les paysages changeaient au fur et a mesure de sa course et le sable brûlant fut bientôt remplacé par l'herbe verdoyante. Celle ci fut bientôt trouée par des pierres d'allure modeste qui forcèrent le gris a ralentir. Son cavalier l'arrêta d'un coup brute dans les dents et sortit une gourde d'eau. L'étalon saliva et voulut se mettre en quête d'un petit point d'eau. Le soldat l'arrêta et lui fit faire volte-face pour reprendre la route. Wolf recula, mécontent, et l'humain commença a s'énerver et a l'éperonner de plus en plus violemment. Contraint d'avancer, le gris se mit a trotter d'un trot inconfortable.

Un peu plus loin, ils entendirent un bruit de pierres et de sabots et une odeur que jamais il n'aurait cru croiser ici. Il se hâta et découvrit une silhouette équine au loin. Se pouvait il que ?
Arrachant les rênes a son cavalier, il se précipita vers l'autre, le coeur battant d'une pulsation irrégulière, comme emballée d'un fol espoir.


«Asrae ?»

Un son lointain attira soudainement un oreille en arrière, puis sa tête, lorsqu'elle reconnut un bruit de sabots. Jack la fit s'arrêter, puis pivoter sur ses postérieurs, pour faire face au nouvel arrivant. Et là, elle reconnut... une silhouette sombre, des yeux d'un ambre inimitable...

"Wolf ?"

Elle se serait attendu à tout, sauf à le croiser en ce lieu. Elle en est tellement stupéfaite qu'elle reste figée, incapable de faire un geste, le sens des mots que Jack adressait à l'autre cavalier aussi compréhensibles pour elle qu'un baragouinage.

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Quel est le défi aujourd'hui ?

Un hennissement de joie non feinte enfla dans sa gorge mais il le réprima et allongea ses dernières foulées pour atteindre la jument en deux bonds. Sa douce effluve lui emplit les naseaux et il inspira longuement en pensant qu'elle avait un peu changée. Il avait l'impression que leur dernière rencontre remontait a un siècle. Cependant, il restait une question a élucider. En effet, ce n'était pas son cavalier habituel qui la montait et l'étalon remarqua le lourd harnachement qu'elle portait, en tous points similaire au sien. Une petite mise au point semblait s'imposer mais le gris se demandait comment il n'avait pas pu la voir si elle était au Fort.
Il avait été très pris au cours des dernières semaines et il était vrai qu'il ne s'était pas occupé des nouveaux ni des autres chevaux de manière générale.
Sur son dos, son cavalier avait repris contenance et serait maintenant les rênes avec fermeté tout en saluant l'autre. Leurs paroles n'avaient pas d'importance pour lui alors il ne les écouta pas. D'un air distrait, il secoua la tête vers le bas de manière a obtenir du mou de la part de son cavalier. Celui ci grogna mais il obtint ce qu'il voulait. Wolf avança un peu en direction de la jument.

«Que fais tu ici ? Et comment es tu arrivée là ?»

Cela nécessitait tout de même quelque éclaircissement et il comptait bien l'obtenir.

Asrae s'ébroua, sortant de son état de statue, ses naseaux palpitant doucement en sentant l'odeur de Wolf. Pendant un moment après leur dernière rencontre, la pensée de l'étalon n'avait cessé de la hanter, puis peu à peu le quotidien l'avait remplacé. Mais désormais qu'elle se trouvait de nouveau face à lui, plus aucune considération pratique ne pouvait lui cacher qu'elle était attirée par lui. Bon sang. Elle était foutue.
Elle sortit de ses pensées à la question de Wolf, et son habituelle ironie répondit présente tandis qu'elle haussait un sourcil avec un sourire:

"En marchant, bien sûr."

Puis elle reprit son sérieux, et dit d'un ton sombre:

"Je me suis faite capturée. Et alors... tadaa. Je suis devenue soldate."

Son nez effleura la cicatrice encore récente de la marque "US" sur son épaule.

"Quant à ce que je fais ici... Elle haussa un antérieur. Je suppose que c'est une patrouille."

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