« On dit que la légende de l'Ouest fut écrite sur la selle d'un cheval. Mais aucun cheval ne l'avait contée avec son cœur... Jusqu'à ce jour... »
 
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

 

 Le brasier des roses

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Aoû - 20:46



Chapitre 19
Episode 1


Flamme avait l'impression d'étouffer. Comme si la rage, la haine terrible qui la brûlait de ses éclairs compressait son corps et l'empêchait de respirer. Elle se sentait sur le point d'exploser, de voler en éclats, ou peut-être juste de sombrer au plus noir de l'agonie. Trop de choses se déchaînaient en elle, comme une tornade furibonde, s'entrechoquaient et se brisaient, hurlaient leur fureur, un orage violent qui anéantissait tout. Elle brûlait, elle se fissurait et s'effondrait au-dedans. Elle ne savait même plus la raison de toute cette rage. Elle était aveugle, aveugle et sourde, perdue à la merci de ce bouillonnement sanguin qui la maintenait en vie. Parce qu'il n'y avait plus rien d'autre à l'intérieur, elle était si vide dans sa petite carapace de chair qu'elle serait tombée en poussière si les vents de l'ouragan ne l'avaient plus soulevée. Ah, quelle terrible chose… La jalousie la dévorait tant qu'elle en était devenue sa maîtresse, et elle ne contrôlait plus rien. A l'instant où elle avait véritablement réalisé qu'Atlas venait de la quitter, seule chez elle, après le départ de Rey, elle était tombée aux mains de la haine. Et quelle haine ! Une colère comme jamais elle n'avait pu en ressentir, une folie incontrôlée qui semblait incapable de s'effacer. Oui, sans doute étais-ce cela, elle était condamnée à cette démence. Oh, elle allait le payer, la chienne ! Cette pétasse si quelconque qui avait osé lui voler Atlas. De quel droit l'avait-elle laissé l'emmener, de quel droit avait-elle sourit et rit avec lui ? Rey lui avait dit qu'elle les avait vu passer devant chez elle, elle lui avait dit qu'elle avait l'air plus qu'à son aise. Elle n'avait pas mentionné qu'ils semblaient heureux ensemble, mais entre les lignes, c'était tout comme. Oh, Rey, la seule qui lui était loyale. La seule en qui elle pouvait avoir confiance, la seule qui ne lui tournerait jamais le dos. Franchement, tout aurait été plus simple si elles avaient été lesbiennes, non ? Quel gâchis d'avoir été avec Atlas. Quel gâchis d'avoir voué sa vie à rechercher les compliments et les plus grands honneurs alors qu'au fond elle tombait en lambeaux un peu plus à chaque instant… Quel sens donner à sa vie, après tout ça ? Elle avait perdu Atlas, tout le monde allait l'apprendre et savoir qu'elle s'était faite larguer. Sa réputation était fichue. Elle allait devoir redoubler d'efforts pour se maintenir au sommet, mais à présent il y avait une faille, une brèche grande ouverte où tous les vautours qui guettaient cet instant allaient s'engouffrer pour lui voler son trône. C'en était fini d'elle, fini de sa popularité, de son règne incontesté. Oui, plus rien n'avait de sens si elle n'était plus l'élite. Les fondations de son royaume s'étaient effondrées, et il chancelait. Il allait s'écrouler, et elle était impuissante.
Mais elle ne renoncerait pas si facilement. Oh, elle n'allait pas partir et se lamenter. Non. Elle allait faire payer à ceux qui osaient se dresser contre elle le prix de leurs agissements. Puisqu'ils avaient anéanti sa vie, elle allait briser la leur. Elle ne laisserait personne lui causer du tord impunément. Oh, sa vengeance n’épargnerait personne. Qu'on la traite de folle, qu'on la moque dans son dos, mais elle leur ferait regretter jusqu'à hanter leur dernier souffle…



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeSam 7 Sep - 20:03



Chapitre 20.1
Episode 1


Luna se sentait encore toute tremblante. Son cœur palpitait si vite qu'il allait s'envoler. Elle sentait encore la chaleur du baiser d'Atlas sur ses lèvres. Elle avait à peine parlé à Albion à son retour, elle était montée dans sa chambre et avait contemplé le plafond en attendant de se réveiller de ce si doux rêve. Même ses grattouilles sur le ventre de Pitre, vautré à côté d'elle sur le matelas moelleux, semblaient appartenir à une autre réalité, et à un automatisme, tant ses pensées étaient focalisées sur Atlas. Atlas. Même les syllabes de son nom sonnaient comme une mélodie divine. Elle n'arrêtait pas de les tourner en boucle dans sa tête, des les dessiner avec ses lèvres.
Une sonnerie étouffée, qui fit se relever brusquement Pitre, la ramena à la réalité. Elle cilla et se redressa à moitié, fouillant dans les draps pour retrouver son portable. La notification annonçait un SMS d'un numéro inconnu. Son cœur fit un bond. Atlas ? Elle s'assit d'un bond et, avant même d'avoir eu le temps de croiser ses jambes en tailleur, elle ouvrait le message.

« Rejoins-moi à l'ancienne cabane au-dessus de la rivière demain matin, avant les cours. »

Tous les espoirs qui lui gonflaient les veines s'étranglèrent lorsqu'elle lu le nom en bas du bref texte.

« Flamme. »

Elle sentit son estomac se serrer et son souffle se coincer dans sa gorge. Elle ne se posa pas même la question de comment celle-ci avait pu obtenir son numéro – ça n'avait pas dû être bien dur, avec tous les moyens actuels et sa popularité. Elle se demandait seulement pourquoi. Que lui voulait-elle ? Était-elle au courant, pour la soirée ? Et si… Et si Atlas n'avait fait tout ça que pour la rouquine ? Si ça n'avait été qu'un jeu, un paris entre eux, s'il avait simplement voulu la rendre jalouse et qu'il avait utilisé pour ça la petite niaise pleine d'espoirs et d'illusions qu'elle était ? Oh, était-elle si facile à manipuler ? Mais non, c'était impossible, il ne pouvait pas avoir fait ça… Ou aurais-ce été la raison pour laquelle il était si brusquement devenu sympathique ? Cela lui avait paru si étrange, mais elle avait tout de même baissé sa garde… Elle enfonça la tête dans l'oreiller, en proie à de terribles tourments. Que devait-elle croire ? Elle mourrait d'envie d'appeler Atlas, de l'entendre, de le voir, de lui parler. Mais elle se rendait compte qu'elle n'avait même pas son numéro, et encore moins son adresse. Alors, c'était ça ? Elle était juste un pion qu'il allait envoyer au feu ? Elle sentit les larmes inonder ses yeux, tremper le tissus de l'oreiller. Presque instinctivement, elle se saisit de son portable et retourna dans le fil de discussion d'Asrae. Elle ne voulait pas l'appeler, parce qu'elle aurait entendu ses sanglots. Elle voulait juste un peu de réconfort, des réponses, une aide salvatrice. Asrae était probablement celle qui connaissait le mieux Atlas, mais, surtout, la seule en laquelle Luna avait une véritable confiance.
Mais au moment d'écrire le message, elle sentit ses forces l'abandonner. Que pouvait-elle raconter à Asrae ? Elle ne pouvait rien faire pour elle. Il fallait qu'elle arrête de s'appuyer sur les autres, qu'elle apprenne à se prendre en mains, parfois. Asrae ne ferait que probablement lui déconseiller de répondre à la demande de Flamme, elle lui dirait de l'ignorer, parce que c'était une vraie peste qui ne savait que faire du mal aux autres. Mais c'était la seule façon de savoir. La seule façon d'en être certaine. Si ça n'avait été qu'un jeu, elle saurait la vérité, et, même si elle s'en voudrait probablement jusqu'à la fin de ses jours de s'être laissé piégée, elle n'aurait plus à douter. Elle pourrait essayer de passer outre tout cela, et peut-être au fil des mois, des années, oublierait-elle. Et si ça n'en était pas un, alors, elle pourrait en discuter avec Flamme, elle pourrait tenter d'arranger les choses, d'expliquer ce qu'elle ressentait vraiment, peut-être s'excuser de cette soirée d'égarement, parce qu'elle savait très bien que ce qu'elle avait fait n'avait rien de juste envers Flamme. Oui, il n'y avait qu'une chose à faire : accepter.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeJeu 12 Sep - 22:20



Chapitre 20.2
Episode 1


Luna eu un peu de mal à trouver ladite cabane. Heureusement, elle avait parfois entendu des gens la mentionner au lycée, et elle se souvint de quel chemin y menait. Cette cabane, c'était un peu le défi que les bandes d'amis se lançaient le soir de Halloween. Toutes sortes de rumeurs l'entouraient, allant des plus banales – fantômes, meurtres et autres créatures fantastiques – jusqu'aux plus imaginatives, digne d'un critique d'art abstrait parvenant à admirer des paysages dans des taches faites par un gamin de deux ans – comme celle du malinois tueur et de son ami le chien-loup fou qui déchiquetaient chaque humain s'approchant s'ils ne leur apportait pas respectivement des nuggets et un nœud rose.
La cabane était en effet parfaite pour abriter quelques spectres ; bien que toute petite, elle était perdue au beau milieu de rien, et le bois noirci dont elle était faite était rongé par les insectes et craquait au moindre souffle de vent. Le toit s'était effondré par endroits, et certaines vitres avaient des carreaux cassés. C'était un miracle qu'elle tienne encore debout. Luna était bien heureuse de ne pas avoir à entrer dedans un jour – bien qu'elle craignait plus de ne se prendre une poutre sur la tête que de n'être attaquée par une quelconque entité translucide ou par un chien adorateur de petits nœuds. A ce que l'on disait, certains s'étaient déjà retrouvés coincés dedans, parce que la porte n'avait plus de poignée et se bloquait de l'intérieur. Ils n'avaient pu en sortir qu'en appelant à l'aide jusqu'à ce que quelqu'un passe par là – ce qui n'arrivait jamais, sauf si vous aviez prévenus des amis de votre escapade et qu'ils finissaient par s'inquiéter de ne pas vous voir revenir. Heureusement, Luna n'avait pas eu à prendre cette précaution, n'ayant aucunement l'intention d'y entrer.

Flamme l'attendait près de l'entrée. Étrangement, elle était seule, et ne pianotait même pas sur son portable. Dès qu'elle vit Luna, son regard s'embrasa, et sa fureur glaciale fit courir un frisson le long de son dos. Mais elle ne se déroba pas, et continua à avancer vers la rouquine, bien décidée à parler avec elle.

« Désolée si je suis en re…
– Il embrasse bien ? » la coupa Flamme.

Sa voix était impassible, et pourtant si pleine de haine et d'agressivité que Luna doutait que venir ai réellement été une bonne idée. Maintenant qu'elle était face à Flamme, elle se demandait si celle-ci était vraiment en mesure de discuter de quoi que ce soit avec elle.

« Je t'ai posé une question. » cracha Flamme en s'approchant vivement.

Luna poussa un petit cri surpris lorsque l'autre la poussa violemment contre la cabane. Ses yeux orangés n'étaient plus que des brasiers, le plus parfait reflet des Enfers. C'était comme si le simple fait de les regarder pouvait nous attirer vers l'antre des démons. Elle essayant de réprimer les tremblements de sa voix – Flamme commençait à vraiment lui faire peur.

« Je suis désolée, je ne voulais pas…
– Salope ! hurla Flamme en enfonçant ses ongles dans ses épaules. J'en étais sûre, tu l'as embrassée ! »

Luna se tut, à la fois choquée par la violence de la jeune femme et perdue. Elle ne pouvait même pas la contredire. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de soulagement ; si elle réagissait ainsi, alors, Atlas avait été sincère. Et cette pensée lui redonnait courage. Elle n'allait pas faire marche arrière, elle n'allait pas simplement dire qu'elle n'aurait pas dû faire ça et qu'elle resterait loin d'Atlas. En fait, elle ne se sentait même plus coupable de l'avoir fait. S'il l'aimait lui aussi, alors, tout ce qu'il était advenu au cours de cette soirée était légitime. Rien d'autre n'importait. Et elle allait défendre ses sentiments jusqu'à bout, elle n'avait ni la capacité, ni l'envie de les renier. Peut-être devrait-elle laisser Atlas à Flamme, peut-être cette soirée n'aurait-elle pas de suite, mais elle l'aimait, et elle l'aimerait toujours.

« Est-ce que tu l'aimes vraiment ? » demanda-t-elle d'une petite voix.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMar 1 Oct - 13:21



Chapitre 21
Episode 1


Flamme perdait tout contrôle. Ou plutôt, elle avait perdu tout contrôle. Rien d'autre ne subsistait qu'un désir de vengeance et de haine qui enflammait tout sur son passage, une tornade de feu qui dévastait tout ce qu'aurait pu renfermer son être. Son sang brûlait ses veines, pulsait dans tout son corps au rythme des contractions de son cœur qui lui était si douloureux dans son étau de fureur. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment réfléchi à quoi faire, une fois qu'elle serait face à Luna. Elle lui avait juste donné rendez-vous, et qu'advienne ce qu'il adviendrait. Elle était si habile à blesser que cela ne serait guère dur, mais cette fois, c'était différent. Cette fois, elle allait la faire souffrir pour une raison bien précise, une raison bien au-delà de tout ce qu'elle avait connu jusqu'ici. Elle avait gâché sa vie, elle ferait en sorte de gâcher la sienne. A chaque mot qui s'échappait de sa bouche – cette même bouche dont les lèvres rosâtres avaient effleuré celles d'Atlas, cette même bouche qui était le témoin de l'offense, du crime –, elle sentait la rage remonter en elle comme des vagues venant lécher la rive, toujours plus loin, à la marée montante. Inexorablement, elle s'apprêtait à engloutir tout ce qui se trouverait sur son chemin. Et cette pétasse osait lui demander si elle aimait Atlas ! Elle n'avait rien compris à la vie, elle vivait encore dans son conte de fées à attendre le prince charmant. Mais elle avait jeté son dévolu sur le mauvais prince, et Cendrillon s'était frottée de trop près aux flammes de l'antre. La souillon redeviendrait souillon et irait danser avec ses rats.

« Évidement que non, tu ne l'aimes pas. » lâcha Luna en se tortillant sous ses mains pour échapper à son emprise.

Flamme resserra les doigts, sentant ses ongles s'enfoncer dans la chair jusqu'au sang, sans lâcher l'autre du regard. De quel droit cette salope se permettait-elle de la juger ? D'émettre des hypothèses à son sujet ? L'autre sembla finalement se résoudre à arrêter de gigoter, en laissant échapper un gémissement de douleur qui enchanta Flamme.

« Pourquoi tu ne le laisses pas être heureux ? Pourquoi tu t'acharnes sur lui comme ça, au lieu de trouver quelqu'un que tu aimeras vraiment ? Moi, je l'aime, je l'aime pour de vrai et je n'aime que lui. »

Elle ne semblait pas se rendre compte de combien ses paroles la précipitaient vers sa perte. Chaque mot qu'elle prononçait, chaque phrase qu'elle énonçait faisait croître le dégoût et la haine de la rouquine, dont les muscles se crispaient tant qu'elle avait l'impression qu'elle ne pouvait même plus parler.

« Laisse-le moi. » acheva l'autre.

Et c'en fut trop. La douceur dans sa voix, la gentillesse, son regard triste, ses épaules crispées pour encaisser la douleur. Tout chez elle donnait à Flamme envie de vomir. Envie de l'anéantir, de la briser, de la faire souffrir jusqu'à ce qu'elle crie grâce. Et même si elle implorait son pardon, elle n'arrêterait pas.

« Jamais. Jamais, il est à moi, à moi seule et à moi pour toujours. »

Elle avait craché ces mots avec une telle virulence qu'elle sentit Luna s'appuyer contre la porte derrière elle, comme pour s'éloigner le plus possible. Voir la peur dans ses grands yeux bruns fit bondir son cœur un peu plus.

« Arrêtes, Flamme, je suis sûre qu'il y a de la gentillesse en toi… Tu ne… »

De la gentillesse ? De la gentillesse ? Elle se méprenait. Gravement. Il n'y avait aucune bonté chez Flamme, aucune douceur. Juste de la méchanceté, de la cruauté, du cynisme. Elle n'était rien d'autre qu'une sadique enragée.

« Tu te trompes. » répondit-elle calmement.

Luna eut un air surpris lorsqu'elle la relâcha et se recula d'un pas. Elle semblait se demander si celle-ci c'était enfin apaisée, qu'elle avait retrouvé ses esprits. En fait, c'était tout le contraire. Flamme avait cédé, cédé à sa soif de vengeance, à sa rage qui la dominait toute entière et lui donnait l'impression d'être plus lucide que jamais. Elle savait ce qu'elle allait faire. Ce qu'elle avait à faire.
D'un coup, elle se jeta sur la porte de la vieille cabane, et le choc fit céder le loquet et l'ouvrit brusquement. Avec un cri surpris, Luna tomba à l'intérieur, soulevant la poussière du sol rustique. Avant même qu'elle ne se relève, Flamme avait déjà refermé la porte à la volée et la bloquait en glissant sous le bois déchiqueté près du sol une grosse pierre. En précaution supplémentaire, elle bloqua la poignée avant de se reculer, tremblante d'excitation face à l'adrénaline. Oh, cette pétasse allait regretter ce qu'elle avait fait ! Avec un sourire victorieux, elle glissa sa main dans sa poche, et ses doigts rencontrèrent le plastique d'un briquet.
La forêt hurlait tout autour, les branches craquaient et les flammes s'élevaient.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMer 13 Mai - 14:25



Prologue
Episode 2


L'éclat aveuglant des flammes poussait Luna à reculer, à s'éloigner du brasier jusqu'à se retrouver acculée contre le mur. Elle trébuchait sur le sol, cherchant une issue qu'elle ne trouvait pas. Elle ne voyait que la lueur si intense du feu, n'entendait que son crépitement lorsqu'il rongeait le vieux bois, ne sentait que l'odeur âcre de la fumée. La chaleur, lorsque l'embrasement atteignait les fenêtres, faisait éclater les vitres et propulsait en tous sens des éclats de verre auxquels elle se coupait. Les poutres commençaient à céder dans d'atroce craquements, à s'effondrer tout autour d'elle. Et les flammes l'enfermaient dans ce piège mortel. Elle trébucha encore une fois, s'écroula. Elle n'avait plus même la force de se relever. Ses poumons la brûlaient, sa tête tournait, son corps tout entier était compressé dans un étau qui l'étouffait. Elle sentait la chaleur lécher sa peau, la griffer douloureusement, s'infiltrer jusque dans son corps et l'attaquer du fond de ses entrailles. Elle était secouée de quintes de toux si violentes qu'elles la clouaient au sol et lui arrachaient ses dernières forces.
Et puis, presque soudainement, elle se sentit glisser vers une étrange torpeur. Elle se sentait si faible, si épuisée. Sa vue se brouillait, les sons n'étaient plus qu'un murmure confus qui se perdait dans un sifflement sourd que couvrait seule sa respiration rauque. Elle sentait à peine le sol dur contre son dos, et même le poids de ses bras s'était envolé. Allait-elle mourir là ? Comme ça ? Elle ferma les yeux. Elle ne pouvait se résoudre à cette évidence, et pourtant, elle se sentait tellement désolée. Elle avait été si idiote, si niaise ! Albion lui avait si souvent dit de faire attention… Pourquoi ne l'avait-elle pas écouté, pourquoi s'était-elle précipitée dans cette horreur ? Et le visage d'Atlas se rappela à sa mémoire. Alors, elle se souvint. Elle avait sans doute eu tord de rejoindre Flamme, d'être si naïve, mais elle ne pouvait le regretter, parce qu'elle avait fait ce qu'elle devait faire. Cela aurait été si douloureux, de le perdre ! Sans doute était-elle folle de penser cela, mais c'était sans doute mieux que cela se passe ainsi… Elle sentait à peine la chaleur se rapprocher, se faire plus intense. Elle avait à peine conscience de sa gorge qui la brûlait à chaque inspiration hachée. Elle glissait dans une douce torpeur.

« Maintenant, je ferme les yeux, et tout s'envole en fumée. »



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMar 8 Sep - 22:52



Chapitre 1
Episode 2


Les jappements enjoués d'un chien retentissaient dans les environs, pourtant, Pitre ne semblait pas y prêter attention. Le museau sur les pattes, il restait allongé avec un air apathique qui fendait le cœur.

« Lui aussi, il attend le retour de Luna. »

Atlas se tourna vers Albion, qui observait lui aussi le petit chien avec un air inquiet. Ils n'avaient pas eu de nouvelles de Luna depuis l'avant-veille, où elle n'était pas venue en cours. Albion l'avait pourtant vu partir avec son sac, s'étonnant simplement qu'elle prenne le chemin du lycée de si bonne heure. Il ne s'était pourtant pas inquiété, supposant qu'elle allait rejoindre Asrae ou Atlas. Mais maintenant, il semblait rongé par les remords.

« Elle va revenir, Albion. C'est pas de ta faute. » le rassura gentiment Asrae.

S'il ne la connaissait pas, Atlas aurait pu volontiers se laisser piéger par son air sincère. Mais elle aussi avait l'inquiétude au fond du regard. Il soupira, las de cette histoire sans queue ni tête, et tendit le bras vers le verre sur la table basse. Mais il se contenta d'en fixer le contenu en le faisant jouer entre ses doigts, trop amer pour ressentir la moindre soif. Il le reposa d'un geste brusque et se leva pour rejoindre l'extérieur d'un pas pressé, sous les regards surpris et questionneurs des deux autres.

L'air frais ne l'aida guère. Il s'assit lourdement sur un muret, et passa une main dans ses cheveux pour repousser quelques mèches qui glissaient devant ses yeux. Est-ce que c'était de sa faute ? Et s'il était allé trop loin ? Il ne se souvenait que trop clairement de la dernière soirée où il l'avait vue, cette même soirée où il l'avait embrassée et avait rompu avec une Flamme hors d'elle. Elle ne lui aurait tout de même pas fait de mal, si ? Il ne savait plus quoi penser. Mais tout tourbillonnait autour de lui, et le malaise dans son cœur lui hurlait qu'il était la cause de tout ça.

« Atlas ? »

Il ne prit même pas la peine de se retourner vers Asrae. Il se contenta de laisser ses paumes glisser sur son visage pour retomber sur la pierre froide du muret – quand s'était-il pris le visage dans les mains ?

« Elle m'aimait, répondit-il d'une voix rauque, avant de jeter un regard en coin à la jeune femme qui s'était glissée à côté de lui. Tu le savais ? »

Asrae s'assit sur le mur à ses côtés. Appuyant son pied contre la pierre grise et impassible, elle se pencha légèrement en avant, comme pour mieux voir son visage.

« Elle t'aime encore. » murmura-t-elle, comme un reproche.

Atlas eut un léger souffle d'exaspération. Est-ce qu'elle comptait réprimander ainsi chaque personne qui oserait employer le passé pour évoquer Luna ? Pourtant, il ne pouvait que s'avouer qu'elle n'avait pas vraiment tord. Et son ton, doux et compréhensif malgré sa sécheresse, était comme une promesse de soutient tacite. Au fond, elle le comprenait, et il admirait la force dont elle pouvait faire preuve.

« Et toi ? » s'enquit-elle, insondable, avant de reprendre aussitôt. « Et ne me dis pas que c'est compliqué ou je te promets que ça va être compliqué là où ça fait mal. »

Atlas lui jeta un regard proche de la perplexité, pour lui découvrir un petit sourire, qui se mua en un rictus triomphal lorsqu'elle le vit enfin tourner la tête vers elle. Il réfléchit quelques secondes, plus parce qu'il ne voyait pas l'intérêt de lui répondre n'importe quoi que par crainte de ses menaces – bien qu'il ne souhaitait pas vraiment tenter le diable avec cette fille imprévisible. Son regard accrocha le sien.

« Je ne sais pas… Peut-être… » murmura-t-il avec sincérité.



[/quote]
Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Sep - 13:26



Chapitre 2
Episode 2


Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Putain, mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Flamme sentait son cœur palpiter, et le sang bouillonnait dans ses veines et battait jusqu'au bout de ses doigts. Mais ce n'était pas de l'angoisse, pas de la colère. Bien étrangement – et elle en était la première étonnée –, elle ne ressentait qu'une fébrile excitation. Des picotements nerveux qui descendaient le long de son échine, qui étiraient ses lèvres en une sorte de demi-sourire tendu, frémissant. C'était comme si la réalité était quelque chose d'autre, un concept étranger, qui la titillait à peine. Pourtant, son voile la couvrait d'une ombre menaçante qu'elle ne pouvait tout à fait ignorer. Elle n'avait juste pas trop envie d'y songer – c'était bien, comme ça, avec cette agitation béate. Parce qu'au fond d'elle, elle savait qu'elle risquait de tomber bien bas lorsque la réalité prendrait le pas sur ce sentiment d'invincibilité.
Un bruit de pas se fit entendre, la faisant presque sursauter. Elle prit une grande inspiration pour tenter de calmer ses pensées, et passa rapidement une main dans ses cheveux comme pour se donner une contenance. A peine quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrait brusquement sur Rey.

« Tu m'as oubliée ou quoi ? Ça va faire un quart d'heure que je t'attendais ! lui reprocha la nouvelle venue.
– Désolée, répondit Flamme d'un ton peu convaincant. J'étais… Occupée. »

Rey haussa un sourcil et s'approcha d'elle, la dévisageant avec une expression étrange. Enfin, c'était probablement justifié au vu du fait que Flamme l'avait laissé poireauter si longtemps, oubliant complètement l'heure du rendez-vous qu'elle lui avait elle-même donné.

« T'as pas l'air très en forme. Tu préfères rester ici ? » s'enquit Rey.

Flamme approuva d'un hochement de tête, ayant perdu toute motivation à sortir en ville. Elle se laissa tomber sur son lit.

« C'est… A cause d'Atlas ? » murmura Rey en s'asseyant à côté d'elle.

Elle semblait un peu gênée d'évoquer la question, comme craignant de ne toucher un point sensible. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle osait mentionner le nom d'Atlas depuis qu'il avait rompu avec Flamme, trois jours plus tôt.

« Ce salaud ? J'aurais dû lui balancer une brique dans le crâne depuis longtemps. Je sais même plus comment j'ai pu penser qu'il me méritait. » se moqua la rouquine.

Avec un petit rire sardonique, elle pensa que, quand même, si, c'était un peu de sa faute. Mais pas comme l'entendait Rey. Ah, si elle savait ! Que dirait-elle, si elle connaissait l'adrénaline qui faisait bouillir son sang ? En fait… En fait, elle avait juste terriblement envie de partager ça avec elle. Rey, au moins, c'était quelqu'un de confiance. Elle ne la trahirait pas, elle ne la laisserait pas tomber. Seulement, le problème était : comment lui annoncer ? En fait, Rey, le comportement étrange que tu sembles imputer à une rupture… Eh bien, à la vérité, c'est juste que je me suis vengée de cette pétasse en la faisant cramer.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMer 9 Sep - 21:58



Chapitre 3
Episode 2


La lumière blafarde d'un lampadaire glissait par la fenêtre et éclairait la pièce, rivalisant avec les sursauts lumineux que crachotait la télévision. Asrae écoutait d'une oreille distraite le monologue inintéressant d'un journaliste, qui déblatérait devant les caméras à propos du procès pour viol d'un certain Ühesilmne Cowell, qui s'était tenu dans la journée. Allongée sur le canapé, elle fixait le plafond comme s'il pouvait lui apporter des réponses. Malheureusement, elle ne vivait pas dans le monde d'Ivy, et aucun dragon rose n'allait sortir dudit-plafond pour lui annoncer que Luna reviendrait bientôt du pays magique où elle était allée chevaucher des licornes. Alors, elle se contentait d'écouter le bruit de fond de la télé dans laquelle le journaliste s'apprêtait à conclure sur sa si passionnante affaire de viol mettant en cause un dégénéré.
Elle soupira et s'assit, se penchant vers la télécommande pour changer de chaîne. Mais au moment où elle s'apprêtait à appuyer sur un bouton, elle se stoppa net en entendant le nom de sa ville. Le souffle court, elle entendit le présentateur évoquer la découverte d'un corps brûlé dans une cabane abandonnée. Son cœur manqua un battement ; rien ne prouvait qu'il s'agissait de Luna, dont la disparition avait déjà été signalée, mais… Et si… ?
Elle lâcha la télécommande qui heurta le sol avec un bruit sec et se saisit de son portable, cherchant d'une main tremblante le nom d'Atlas dans ses contacts.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Sep - 16:37



Chapitre 4
Episode 2


« Aïe !
– Désolé ! »

Blackhole s'écarta du pied d'Ivy, bousculant involontairement Anoki au passage. Ce dernier manqua de tomber la tête la première dans un roncier, et se rattrapa de justesse à un arbre.

« Faîtes moins de bruit ! » grogna-t-il en se redressant.

Il se tourna vers Hurricane pour l'aider à s'extirper du buisson avec lequel il bataillait en maugréant.

« Rappelez-moi qui est l'imbécile qui a eu l'idée de passer par les broussailles pour pas se faire repérer ? » ronchonna le rouquin en retirant une brindille de sa mèche.

Deux mains se levèrent aussitôt, accompagnés des ''Moi !'' enthousiastes d'Ivy et Blackhole – la première visiblement ravie de la traversée épiques des sous-bois, et le second, d'avoir un jour eu une idée dans sa vie. Anoki soupira, songeant qu'il n'y avait que Ivy pour réussir à entraîner trois autres personnes dans les bois, au beau milieu de la nuit, pour aller voir une cabane carbonisée entourée de gros rubans policiers en interdisant l'accès. Elle n'avait pas même daigné leur en dire plus lorsqu'il lui avait demandé pourquoi la police s'intéresserait à une simple cabane brûlée au point de boucler la zone. Et, apparemment, même Blackhole n'en savait pas plus que lui.

La petite bande se remit en marche, et parvint finalement à la fameuse cabane, effectivement entourée de rubans en plastique jaunes. Bien heureusement, l'endroit était désert – Anoki n'avait pas vraiment envie d'avoir fait tout ça pour rien.

« Ça sent le barbecue, laissa échapper Hurricane, dont les narines semblaient s'agiter depuis un moment déjà.
– Pire qu'un Saint Hubert avec la bouffe toi. »

Hurricane lança un regard torve à Blackhole, qui riait tout seul à sa propre blague. Anoki, lui, sentait plutôt le brûlé – mais quand il s'agissait de nourriture, à l'exception des cas où il s'agissait de garder un pot de pâte à tartiner pour le partager plus tard, Hurricane avait son entière confiance.

« Alors Ivy, on peut savoir toute l'histoire maintenant ? » s'enquit Anoki.

Il ne comprenait toujours pas pourquoi, même s'il s'agissait d'un possible incendie criminel, les forces de l'ordre s'intéressaient de près à cette vieille cabane miteuse. Ivy, qui commençait à s'avancer vers la cabane, s'arrêta et se tourna vers lui avec un sourire presque victorieux.

« Ils ont trouvé un corps ! »

Anoki sentit son sang se figer. Lorsqu'il reprit contact avec la réalité, il cligna plusieurs fois de ses yeux grands ouverts en refermant la bouche avec l'impression que sa mâchoire s'était désarticulée. Qu'est-ce qu'elle venait de dire, là ?

« Quoi ? » s'étrangla Hurricane en se relevant – visiblement, il s'était encore cassé la gueule, mais cette fois Anoki ne pouvait que le comprendre.

Ivy pencha la tête, avec son air enfantin si innocent, comme si elle ne saisissait pas bien la situation. Enfin, pour elle, c'était peut-être tout à fait normal d'emmener des gens voir une cabane brûlée avec un cadavre au beau milieu de la nuit. Qui sait. Personne n'était dans la tête d'Ivy, à part peut-être quelques amis imaginaires.

« Un corps… Quelqu'un mort. » expliqua-t-elle, pensant visiblement que leur réaction était due au fait d'une quelconque incompréhension.

Au moins, à présent, Anoki savait d'où provenait le fumet de barbecue qu'avait perçu l'infaillible flair de Hurricane. Bien qu'il aurait préféré apprendre qu'Ivy et Blackhole avaient tenté de faire griller des côtelettes dans la cabane – scénario qui, à moins d'un miracle, aurait immanquablement conduit à un accident du genre incendie.

« Ils savent pas qui c'est, alors je me disais qu'on pourrait le trouver nous-même, reprit-elle devant l'absence de réaction de son auditoire.
– Waaaaw ! Je fais l'Inspecteur Gadget ! »

L'enthousiasme de Blackhole sembla aussitôt raviver celui d'Ivy, tandis qu'il se mettait à entamer en hurlant à moitié ce qui ressemblait au générique de ladite série.

« Pitié, dîtes-moi qu'on peut l'assommer, se lamenta Hurricane en glissant une main dans sa mèche d'un air abasourdi.
– Lequel des deux ? répondit Anoki, tout aussi désespéré.
– Les deux. »

Blackhole se tut soudain lorsque Ivy le poussa brutalement dans les buissons en se jetant sur lui.

« Heu… Iv... ?
– Chut ! »

Elle le coupa en lui plaquant les mains sur la bouche. Anoki échangea un regard interloqué avec Hurricane, avant de n’apercevoir du mouvement sur le chemin menant à la cabane. Il lui saisit le poignet et se jeta à terre, espérant que l'arrivant ne les avait pas repérés... avant de se rendre compte qu'il était vautré sur son ami, lorsqu'il réalisa que le sol était bien moelleux.

« Hum… Vous m'excuserez mais je suis pas dans le plan, là. » lâcha le rouquin.

Anoki lui fit signe de se taire et pointa du doigt la silhouette qui approchait. En un instant, il n'y avait plus que le discret son des respirations des quatre aventuriers improvisés qui montait dans l'air. Puis un léger soupir d'Ivy.

« C'est un policier. Il a dû nous entendre. » murmura-t-elle, visiblement frustrée d'être interrompue dans ses plans.

Anoki ferma les yeux avec un soupir rassuré, bénissant Blackhole d'avoir braillé et ainsi empêché Ivy de faire n'importe quoi.

« On devrait repartir, souffla-t-il en appuyant un regard vers Ivy.
– Bonne idée. C'est pas que je t'aime pas, mais t'es un peu lourd là. »

Anoki sentit le rouge lui monter aux joues quand il s'aperçut qu'il était encore affalé sur Hurricane, et s'écarta prestement sous les regards curieux d'Ivy et Blackhole – qui, eux, n'avaient visiblement aucun problème de proximité.

« Rentrons. » approuva Ivy, avec quelques regrets dans la voix.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Sep - 21:13



Chapitre 5
Episode 2


Les coups contre la porte se réitérèrent. Albion tenta vainement de faire taire Pitre, qui jappait sur le canapé, en passant devant lui pour aller ouvrir. Le petit chien semblait aussi confus que lui – qui cela pouvait-il bien être ? L'espace d'un vague instant, il avait espéré que ce fut Luna. Puis il s'était rappelé qu'elle connaissait l'existence de cette chose magique appelée ''sonnette''. De plus, il aurait été plutôt étrange qu'elle frappe à sa propre maison. Il tourna la poignée et la porte s'ouvrit sur un visage grave aux cheveux grisonnants.

« Bonjour. Lieutenant Gray, et voici l'officier Fisher. M. White est-il ici ? »

Albion comprit aussitôt qu'il s'agissait de Luna. Avait-elle été retrouvée ? Il ne pouvait s'empêcher d'angoisser en voyant les deux policiers sur le seuil, sans sa sœur.

« Mon père s'est absenté. Je ne sais pas quand il rentrera. » répondit-il prudemment.

Le lieutenant sembla hésiter un instant, comme s'il ne savait pas s'il était préférable d'attendre son retour ou d'annoncer ce qu'il était venu annoncer au jeune Albion.

« Nous avons… De mauvaises nouvelles. Concernant votre sœur. » prononça-t-il finalement.

Albion sentit un frisson glacé dans son dos, et comprit à l'air gêné de son interlocuteur qu'il avait brusquement viré au blanc. Mais, même si le lieutenant de police semblait profondément ému et luttait visiblement contre le tremblement de sa voix, il reprit.

« Elle se trouvait dans la cabane incendiée. »

Et le monde s'écroula tout autour d'Albion.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeSam 12 Sep - 20:30



Chapitre 6
Episode 2


Atlas ralentit en approchant du commissariat, hésitant à s'y arrêter. Il aurait voulu demander au lieutenant Gray, qu'il connaissait vaguement de par des histoires de famille, s'il savait quelque chose à propos de Luna. Les recherches avaient été lancées, la région avait probablement été déjà fouillée. La voix d'Asrae, d'habitude si assurée et forte, lui avait paru tremblante lorsqu'elle l'avait appelé la veille. C'était principalement pour la retrouver qu'il avait décidé d'aller en cours ce jour-là, alors qu'il n'en avait pas la moindre envie. En fait, depuis la disparition de Luna, il ne retournait au lycée que dans l'espoir de l'y voir – et il se sentait profondément stupide de penser ça.
Il gara sa voiture et entra dans le bâtiment, décidé à parler avec le lieutenant – qui était absent, selon ce qu'on lui annonça. Ne parvenant à obtenir guère plus de renseignements, il fit demi-tour et regagna sa voiture, songeant à revenir plus tard.

« Tu aurais pu te montrer un peu plus compatissant !
– Ah oui, comme toi ? On aurait cru que tu allais chialer, Stardust ! »

Le lieutenant et son acolyte attitré sortaient d'une voiture de police, se hurlant à moitié dessus. Atlas s'apprêtait à les rejoindre, mais s'abstint lorsqu'il comprit qu'ils étaient encore en pleine engueulade.

« Parfois tu ferais mieux de garder ta stupide bouche fermée. ''Toi, tu ne t'appelles pas White pour rien !''... Comment j'ai pu un jour croire qu'il y avait quelque chose dans ta cervelle ?! »

Atlas se figea. Non par la violence des propos – on aurait dit Blackhole se faisant réprimander par Ivy après avoir malencontreusement marché sur sa traîne magique de reine des licornes – mais parce qu'ils avaient mentionné le nom de Luna. Il tendit l'oreille, comprenant qu'ils revenaient de chez Albion.

« Tu l'as bien vu toi-même !
– Tu n'étais pas obligé de le faire remarquer ! On venait de lui apprendre la mort de sa sœur ! »

Son sang se glaça. Ce qu'il craignait tant était advenu ; les doutes avaient éclos en vérité, chassant tout espoir. Pourtant, quelque chose en lui refusait d'admettre cela, ou plutôt, d'entendre ; comment cela pouvait-il être vrai ? Quelques jours plus tôt, elle était encore là. Pire encore : elle était avec lui. Aurait-il dû voir des signes ? Devait-il imputer sa disparition aux comportements étranges qu'elle avait pu avoir, la dernière fois ? Tout avait si vite basculé… Un soir, la vie suit son cours. Et le matin, plus rien. On se réveille et tout a changé, et elle n'est plus là. Elle ne sera plus jamais là. Comment avoir foi en sa raison, en une quelconque cohérence ?
Les deux policiers aboyaient toujours. Mais ils étaient sortis de son esprit. Il ne voulait plus que partir, partir loin, pour ne plus avoir à entendre le monde qui lui hurlait d'entendre raison.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeJeu 17 Sep - 14:32



Chapitre 7
Episode 2


Il l'avait… Larguée. Comme ça, comme on claque une porte. Et depuis presque une semaine ! Comment pouvait-il ne pas être venu s'excuser, ne pas être venu la supplier de le pardonner ? Tout le monde était au courant, maintenant. Ça la tuait. Ils la dévisageaient comme une bête de foire. Elle savait bien que tout le monde était déjà en train de murmurer dans son dos, de fomenter des plans pour la détrôner, pour exhiber sa tête en haut d'une pique. Elle savait bien que tout le monde la trouvait lunatique, sur les nerfs, vraiment pas fréquentable ces derniers temps. Il n'y avait que Rey qui la supportait encore. A se demander comment, parce que parfois, elle s'énervait elle-même. Elle oscillait entre une excitation euphorique et une rage excessive. Juste par la faute de ces enfoirés…
Elle sourit au souvenir de sa petite victime. Ça faisait un si terrible bien, la vengeance. Au moins, sur ce point, elle s'était rendue justice. Elle était juste un peu déçue de ne pas avoir pu en parler avec Rey. Oh, elle aurait tellement voulu partager ça avec elle ! Sûr que ça l'aurait impressionné, sûr qu'elle aurait été fière d'être la seule digne de confiance aux yeux d'une… Tueuse ? Non, elle n'était pas une tueuse, elle était une justicière, dans le sens le plus primaire du mot. Elle aurait certainement une autre occasion de trouver les mots avec Rey, parce que la première fois, elle avait malencontreusement été interrompue.

Mais, dans l'immédiat, elle avait d'autres soucis. Les vautours tournoyaient et la lionne devait défendre sa proie. En l’occurrence, sa place. Sa couronne. Elle ne la tenait plus que par la crainte, parce que l'admiration et la jalousie qu'on lui vouaient menaçaient de s'étioler à cause des stupides agissements de son ex. Il était si égoïste ! Et, évidemment, c'était à elle de recoller les morceaux pendant qu'il se morfondait. Enfin, comment aurait-il pu ne pas se morfondre alors qu'il devait si ardemment regretter ? Elle aurait pu lui pardonner ses écarts – après l'avoir justement remis à sa place, bien entendu –, et accepter avec magnanimité ses excuses. Mais il avait choisi de l'éviter. Eh bien, tant pis pour lui, il savait sans doute très bien ce qu'il perdait. A présent, il aurait beau revenir ramper, elle ne lui montrerait aucune pitié. Elle allait achever son tableau vengeur, et, une fois fait, plus personne n'oserait se comporter si ingratement. Elle avait même déjà sa petite idée sur la façon de mener à bien son entreprise. Il avait gâché sa réputation, eh bien, elle allait faire de même. Empoisonner sa vie et la déchiqueter.
Elle avait même déjà commencé à mettre en marche ses rouages. Tout le monde en ville – à l'exception peut-être de quelques badauds sans importance – savait déjà qu'il se trouvait avec la protagoniste du principal fait divers de ces derniers jours, Luna, la dernière fois qu'elle avait été aperçue. C'est fou comme le bouche-à-oreille peut être efficace, dans ce genre de situations, et comme il peut métamorphoser peu à peu les faits ! Ajoutez à cela quelques imbéciles à la recherche d'un peu d'attention qui, prêts à tout pour faire les intéressants, clament sur tous les toits leur version des faits. Un parfait mélange.
Depuis que la ville connaissait la mort de cette chère Luna, tous les regards s'étaient braqués sur Atlas.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeSam 19 Sep - 17:48



Chapitre 8
Episode 2


Le soleil brûlait l'asphalte, qui s'épanchait en un gluant ruban noir. La chaleur s'agrippait aux corps, et l'odeur chimique du pétrole s'insinuait lourdement dans les poumons. Atlas réagit à peine lorsque la sonnerie de son portable le tira de sa pensive torpeur. Pourtant, les températures écrasantes n'y étaient pour rien ; il n'y faisait même plus cas. Il avait été piégé dans la glace et s'y noyait lentement. Cela ne faisait qu'une semaine que l'inquiétude le rongeait, et seulement deux jours que la réalité s'était imposée à lui. Juste quelques dizaines d'heures, l'espace d'une seconde dans une vie. Mais c'était comme l'éternité. Sa mémoire semblait défaillante au-delà de ces quelques jours. En fait, son être tout entier était défectueux. Ses sens n'étaient plus que des fantômes, et, dans l'eau glacée qui l'avalait, les sons du monde extérieur n'étaient que des murmures étouffés. Survivre était devenu un automatisme : s'éveiller, se nourrir, se mouvoir, s'endormir. Toute sa vie défilait dans la même inconscience qu'une respiration.

Le portable sonna à nouveau. Il cilla, jeta un regard vide vers l'écran qui gisait, solitaire, sur le siège passager. Asrae. Il se saisit de l'appareil et accepta l'appel sans grande conviction.

« Atlas ? »

La voix familière lui pinça les boyaux. Il n'avait plus parlé à Asrae depuis le soir où elle lui avait annoncé la découverte d'un corps. Du corps. A présent, tout le monde savait ; la veille, la presse s'était chargée d'ébruiter le sort de Luna.

« Je suis passée chez toi. Je croyais t'y trouver. » continua Asrae, probablement pour combler le silence qui s'installait.

Sa voix était dure, mais Atlas devinait que c'était pour y faire taire l'angoisse. Elle l'avait si peu habitué à ce genre de tremblements…

« Je suis assigné à résidence peut-être ? » cracha-t-il bien plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Silence. Il serra les dents, un peu coupable. Un soupir, ou peut-être une respiration, vint finalement briser le mutisme à l'autre bout du fil.

« Assignée à ta connerie, oui, grinça-t-elle. Je venais prendre de tes nouvelles. »

Nouveau silence. C'était une question stupide, n'eut-elle pas même la forme interrogative. Mais il y avait dans ses paroles ce ''comment vas-tu ?'' tonitruant qui lui faisait serrer les poings jusqu'à s'en blanchir les phalanges. N'étais-ce pas évident ? Venant d'elle, plus encore. En fait, il se sentait plus stupide encore que la question tacite, parce qu'il savait bien qu'elle cherchait juste à engager une quelconque conversation, à témoigner d'une présence et d'un soutient. Mais il se sentait plus ombrageux encore qu'à l'accoutumée ces derniers temps, et il n'y pouvait rien. La colère explosait à la moindre étincelle. Ses poings étaient écorchés à force de heurter des murs. Et ça n'était même plus à propos de Luna, c'était… Tout. Toute sa vie le plongeait dans une haine qu'il ne pouvait plus refouler.

« Atlas ! tempêta Asrae en élevant la voix. Tu ne peux pas passer ton temps à éviter tout le monde, il va bien falloir que tu regardes les choses en face un jour ! »

Il la sentait sur le point de raccrocher. L'exaspération dans ses paroles se disputait à une détresse colérique. Il voulait lâcher son portable, se convaincre qu'il n'avait pas besoin de son soutient, qu'il n'avait besoin de personne. Mais quelque chose retenait sa main.

« J'avais besoin de prendre l'air. » articula-t-il dans un soupir résigné.

Il s'efforçait de faire abstraction des tremblements de la voix d'Asrae. Qu'elle doute, cela sonnait faux. Il ne voulait pas penser à elle comme autre chose que cette fille qui n'hésitait jamais à le traîner par la peau du cou pour lui remettre les pendules à l'heure lorsqu'il commençait à faire les choses de travers. Il aurait même apprécié qu'en cet instant, elle le menace encore de le ramener chez lui avec force de coups de pieds dans le postérieur. Non qu'il ai véritablement des tendances masochistes, parce que les colères d'Asrae était quelque chose que nul n'aurait jamais voulu subir – il n'avait par ailleurs aucune génitrice derrière laquelle se cacher –, mais parce qu'il en aurait été rassuré. Sentir Asrae fléchir, c'était comme savoir que le poids était trop lourd même pour le mur porteur, et n'avoir plus qu'à attendre que le plafond nous écrase.

« Ils croient tous que c'est toi, reprit-elle d'une voix plus douce.
– Je sais.
– Flamme m'inquiète. Elle se comporte étrangement… Je crois qu'elle veut vraiment te faire porter le chapeau.
– Je sais… » marmonna-t-il encore.

La rouquine avait voulu faire croire à tous qu'elle était à l'initiative de la fin de leur couple. Atlas l'avait laissée dire ; il s'en foutait, et y avait à peine prêté attention. Seulement, les ragots allaient vite, et le reste du lycée avait vite appris la vérité, ce qui n'avait pas manqué de faire sortir Flamme de ses gonds.

« Tu ne comprends pas ! sermonna encore Asrae. Que feras-tu lorsque la police commencera à prêter l'oreille à ses commérages ? Tu sais à quelle vitesse ça va, ici !
– Ce ne sont pas des commérages qui vont m'inquiéter. Ils ne vont pas m'accuser de meurtre sur la base d'une rumeur. »

Il sentait la colère redoubler. Non à l'idée qu'on puisse l'accuser – c'était stupide. Savoir que Flamme se réjouissait suffisamment de la situation pour y voir un simple moyen de régler ses comptes à propos d'une rupture le mettait hors de lui. Même s'il la savait parfois féroce, il était difficile d'imaginer qu'elle soit si insensible et cruelle. Jusqu'où allait cette folie qu'il ne lui avait jamais soupçonné ? Et si… Il déglutit péniblement, la bouche soudain sèche. Elle ne pouvait tout de même pas être allée si loin ! Elle n'appréciait pas Luna, mais, tout de même…
Et puis, si, elle était probablement tout assez folle pour être la cause de tout ça. Il ne l'avait jamais vue si enragée que lorsqu'ils avaient rompu. Il connaissait son besoin désespéré de s'accrocher à sa réputation, et avait toujours senti qu'elle aurait pu dépasser les bornes si jamais quelque chose allait de travers. Il n'avait simplement jamais imaginé que les bornes puissent être poussées si loin. Son sang se mit à bouillir. Évidemment qu'elle était la raison, la chaînon manquant dans l'histoire !

« Atlas ? »

La voix d'Asrae lui rappela qu'il tenait toujours le portable près de son oreille. Elle venait visiblement de lui poser une question à laquelle il n'avait pas prêté attention.

« C'est elle. C'est Flamme. » articula-t-il d'une voix qui lui paraissait étrangement posée.

Il y eut un silence. Il ignorait si Asrae était en train de penser qu'il avait perdu la tête ou si elle pensait ne pas avoir bien compris. L'hypothèse qu'elle le croit n'était guère convaincante ; elle avait toujours été plus sensée que lui.

« Je te rappelle.
– Attend ! »

Il ne prit pas la peine de raccrocher, et balança son portable sur le siège passager. Il tourna les clés dans le contact et enfonça l'accélérateur.

« Atlas ! crachait encore le portable. Atlas, qu'est-ce que tu fous ? »



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeDim 20 Sep - 12:15



Chapitre 8.2
Episode 2


Il bondit de la voiture sans même retirer les clés. Il dévala à une vitesse qu'il ne se connaissait pas les quelques marches qui séparaient le parking des élèves et les vestiaires du gymnase. En quelques enjambées, il se retrouva devant la porte qu'il ouvrit à la volée.
Une explosion de cris retentit tandis que les filles se mettaient à lui hurler dessus. Sa tête se retrouva même cible de quelques chaussures qu'il ne parvint à éviter que grâce à l'entraînement intensif que lui avait procuré Asrae. Il repéra Flamme et se précipita vers elle tandis que les vestiaires se vidaient rapidement des filles qui s'éloignaient avec hâte.

« C'est toi ! » tempêta-t-il.

Elle leva à peine le regard vers lui, avec un air tout à fait innocent, avant de s'intéresser de nouveau à son sac. Elle en sorti une tenue de cheerleader qu'elle posa sur le banc à côté d'elle, y prenant un soin tout particulier.

« Luna. Je sais que c'est toi.
– Je suis navrée de devoir te contredire, mais moi, c'est Flamme. »

Elle se tourna vers lui en agitant ses longs cils de biche. Le poing d'Atlas se crispa, étrangement attiré par le petit sourire suffisant qu'elle affichait.

« Tu sais très bien ce que je veux dire. »

Elle eut un petit rire. Elle se détourna de lui et s'intéressa de nouveau à sa tenue. Elle savait très bien qu'Atlas se retenait de lui hurler dessus, d'écraser son poing sur ce joli visage si serein et moqueur.

« Tu aurais dû l'entendre ! ''Je l'aiiiiime !'' et gnagnagna. »

Elle gloussa de nouveau, tout en enfilant une brassière. Atlas lutta âprement pour garder le contrôle face à la fierté et à la gouaillerie de son aveu. Ses dents étaient si serrées qu'il avait l'impression qu'il venait, probablement, de s'en casser une.

« Peut-être pourras-tu imposer ta petite loi aux rats, quand tu moisiras derrière les barreaux.
– Tu es resté coincé à l'époque des cachots, Roméo ? De nos jours, les prisons doivent respecter certaines normes d'hygiènes, tu sais. Et tu en feras bientôt l'expérience. Qui oserait accuser la jolie,  la populaire petite Flamme ? N'est-ce pas en compagnie du froid et étrange Atlas que la victime a été vue vivante la dernière fois ? »

Son air satisfait fut brièvement dissimulé lorsqu'elle enfila sa tenue. Elle en ajusta les plis, tandis qu'Atlas se cassait, probablement, une nouvelle dent.

« Allons, vas-donc boire ton poison ! gloussa-t-elle. Tu sais très bien que j'ai toujours été une dague. Une très jolie, en plus. »

Elle se retourna vers lui, affichant un large sourire moqueur. Que les phalanges d'Atlas embrassèrent aussitôt. Ce fut à son tour d'avoir, probablement, quelques dents cassées.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeVen 27 Nov - 19:13



Chapitre 9
Episode 2


Le reflet que lui renvoyait la glace était tout, sauf son visage. Cette masse tuméfiée ressemblait plutôt à la face d'un extraterrestre bleu-verdâtre qu'à sa belle gueule. Réprimant entre ses dents un grognement rageur, elle retourna vers son lit et saisit vivement un coussin qu'elle jeta au loin. Une cascade d'injures jaillit de ses lèvres, et se répandit dans toute la chambre tandis qu'elle s'acharnait sur chaque objet à sa portée. Il allait lui payer, cet imbécile ! Il allait souffrir ! Elle lui laisserait plus qu'un bleu en héritage, elle. Sa main se saisit d'un couteau de poche qui traînait toujours sur un coin de son bureau. L'instant d'après, il était profondément planté dans un oreiller. Elle se jeta sur son lit et massacra violemment l'innocent repose-tête, qui se mit à vomir des plumes dans toute la pièce. La colère exultait dans chacune de ses fibres, et elle ne pouvait résister à la décharger, toujours plus brutalement, lorsqu'elle l'avait gardée prisonnière trop longtemps. Lorsque la pression était trop forte et ne pouvait plus que faire céder les barrières.

Elle se laissa tomber sur le lit, essoufflée. Sa chambre ressemblait à un vaste champ de bataille dont elle aurait été l'unique survivante. Un peu comme ce qu'elle ressentait en elle-même. Elle ferma les
yeux et tenta d'apaiser un peu sa fureur. Elle était soulagée que ce soit enfin le week-end. Elle ne serait pas retournée au lycée, de toute façon. Après la petite intervention de l'autre crétin dans les vestiaires, elle avait été envoyée à l'infirmerie sans autre préavis et n'avait même pas pu participer à l'entraînement avec les autres. Puis, la veille, elle avait eu beau dissimuler les ecchymoses sous des couches de fond de teint, elle n'avait pu échapper aux regards torves pendant toute la journée de cours. Elle ne devait pas montrer le moindre signe de faiblesse. Jamais. Elle n'avait pas le droit d'être défigurée comme ça.

La notification sur son portable la rappela soudainement à la réalité. Elle prit une inspiration, se redressa, et poussa les plumes qui s'étaient éparpillées sur tout son lit. Elle dénicha enfin le portable, dans un repli des draps. Le nom de Rey, qui lui annonçait être arrivée, s'afficha sitôt l'eut-elle déverrouillé. Elle avait presque oublié que celle-ci devait passer. Contemplant avec un œil un peu gêné l'état de sa chambre, elle hésita un instant à lui demander de l'attendre à la porte pour partir ailleurs. Mais elle n'avait vraiment pas envie de sortir, pas envie de voir la moindre personne. Et puis, tant pis, Rey n'était pas non plus bien maniaque. Elle répondit rapidement à son SMS, et entreprit de se recoiffer un peu pour sortir de sa chevelure les plumes qui s'y étaient glissées. Elle venait à peine de balancer au sol sa victime inanimée et de secouer ses draps pour envoyer avec elle ses blanches entrailles, lorsque Rey entra dans la chambre. Et marqua un temps d'arrêt devant la scène de carnage.

« Eh bien… lâcha-t-elle, les yeux écarquillés.
– Oh, un léger bazar, ce n'est rien. »

Elle haussa un sourcil face au petit rire de Flamme. Elle comprit aussitôt que la rouquine ne voulait pas creuser le sujet, et vint s'asseoir près d'elle sur le lit – après en avoir ôté quelques plumes qui faisaient de la résistance.

« Il a été convoqué au commissariat, tu es au courant ? » commença la brune.

Flamme hocha légèrement la tête, affichant un air triomphant. Il y avait intérêt ! Après ce qu'Atlas lui avait fait, il ne reviendrait sans doute pas de sitôt dans les environs. Il irait bientôt visiter une cellule pour détraqués. Elle avait elle-même été convoquée dans la journée, pour qu'ils puissent admirer l'étendue des dégâts probablement. Lorsqu'ils verraient à quel point il pouvait être violent, et qu'elle leur dirait qu'ils avaient rompu à cause de ça, il était évident qu'ils n'auraient plus de doutes sur l'identité du meurtrier de cette stupide garce. Et puis, Rey était en de bons termes avec le lieutenant. Elle n'avait absolument aucun soucis à se faire ; elle était dans la meilleure des situations, là où lui s'était enfoncé dans un bon gros tas de fumier.

« Comment peut-il oser essayer de te mettre la mort de Luna sur le dos ! Je t'ai toujours dit que c'était un salopard. Si j'avais su, j'aurais fait plus pour t'en éloigner !
– Ça n'est pas de ta faute, Rey. Tu es l'amie dont tout le monde rêve. J'aurais dû t'écouter un peu plus… »

Elle lui adressa un sourire, et accepta sans broncher l'étreinte de son amie. Vraiment, elle n'aurait pu avoir meilleure amie que Rey.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeJeu 14 Jan - 14:03



Chapitre 10
Episode 2


Atlas n'était qu'un imbécile. Croyait-il arranger quoi que ce soit avec sa façon de faire ? Evidemment, Asrae ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir mis une droite à Flamme. Elle était même plutôt jalouse de ne pas l'avoir elle-même fait. Mais il allait un jour devoir apprendre à gérer ses colères au lieu de se comporter comme un gamin impulsif. Si elle n'avait eu des échos de l'histoire que par les rumeurs du lycée, elle n'avait pas eu à se questionner bien longtemps sur les raisons de son comportement. Elle ne lui avait plus parlé depuis deux jours, malgré qu'il ai tenté de l'appeler la veille. Avait-il eu dans l'idée de se faire pardonner sa façon de lui raccrocher au nez – ou plutôt, de la laisser hurler dans le vide ? Ça n'était pas vraiment son genre de prendre la peine d'employer son portable juste pour ça ; il souhaitait certainement l'avertir de l'état de Flamme. Puisqu'il n'avait pas cherché à la joindre de nouveau, Asrae en avait déduit que ça n'était d'aucune importance.

D'un léger mouvement de la cheville, la jeune femme fit fuir les minuscules poissons qui s’amassaient curieusement autour de ses pieds. L'eau fraîche de la rivière était agréable par cette chaleur ; mais c'était pour sa quiétude qu'elle s'était dirigée vers le lieu. Sur son lit graveleux, le cours d'eau glissait sans que rien ne puisse le perturber, chantonnant ses airs mélodieux en s'accompagnant du bruissement du vent.
Le silence n'était pourtant pas éternel. Ce fut un bavardage qui le rompit. Une rumeur de voix mêlées, de plus en plus distinctes tandis qu'elles se rapprochaient. Puis quelque chose de relativement rond qui accouru dans un bruit de cavalcade, trébucha, et goûta copieusement le sol près d'elle. Asrae eut à peine le temps de soupirer avec une exaspération mêlée d'amusement qu'il se relevait et la saluait en remuant un minuscule bout de queue entortillée.

« Salut mon gros ! »

Elle frotta énergiquement les bourrelets de Packo qui se plissèrent dans tous les sens en avalant la lanière écarlate de son harnais.

« Asrae ! l'interpella la voix d'Ivy. Vous voyez, je vous avait bien dit qu'il avait senti quelque chose. C'est un chien très intelligent. »

Encadrée d'une Utopie à l'air perplexe et peu convaincue, et d'un Blackhole qui essayait visiblement de comprendre cet étrange mot qu'elle venait d'employer – ''intelligent'' –, elle s'avança vers le petit chien en le félicitant pour son esprit. Avec sa face écrasée d'où pendait une langue qu'on aurait presque crût toucher le sol, et ses deux yeux globuleux où brillait un vide magistral, il ressemblait à tout sauf à un animal malin.
Une petite boule de poils crème et blanche dépassa Ivy à toute allure en manquant de la faire trébucher sur la laisse qui traînait derrière elle. Asrae ne reconnu pas le chiot qui courrait en tous sens, entraînant un Packo bien plus lent et bien moins aérodynamique à sa suite. Mais à en voir Hurricane qui, tout essoufflé, s'époumonait à le rappeler, c'était lui qui en avait la responsabilité.

« Ils s'essaient au dog-sitting, mais ça n'a pas l'air très concluant. » expliqua Utopie.

Anoki arrivait sur les traces de son ami, littéralement traîné par trois autres jeunes animaux. Nuage d'Orage le suivait de près en essayant de retenir un chien brun et noir qui paraissait tenté de se mêler à ses cadets. Asrae haussa un sourcil en se demandant comment ils avaient pu trouver autant de bêtes à garder. Et c'étaient à n'en pas douter les plus intenables de la ville ; à l'exception d'une jolie femelle au poil long et d'un grand mâle gris qui trottaient à leurs côtés sans laisse, leurs protégés semblaient leur causer bien des difficultés.

« Odakotah n'est pas avec vous ?
– Il doit payer Anoki et Hurricane en pâte à tartiner pour garder Packo pendant son absence. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?
– J'attends Wolf's. Il ne devrait pas tarder d'ailleurs. »



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeDim 19 Sep - 14:50



Chapitre 10.2
Episode 2


La présence du troupeau canin et de leurs gardiens ne fut pas si malvenue. Asrae appréciât qu'ils lui changent les idées. L'animation que constituait Hurricane pourchassant désespérément la petite chienne du nom de Poème occupa le groupe quelques minutes. Ivy et Blackhole semblèrent presque regretter qu'il finisse par la rattraper, avec l'aide de son meilleur ami – qui avait pris soin d'attacher les autres chiens plutôt que de les confier à Blackhole – et de Nuage qui mettait toute sa bonne volonté à les aider.

« Imahel, lui présentèrent-ils ensuite un chiot roux et blanc. C'est encore le plus sage des chiots. Elle, c'est Atalante. Et lui Okiwodédéna Lesd...Machin-chose.
– Okiwotahena, le corrigea Anoki.
– On ne peut pas le quitter des yeux deux secondes sans le retrouver la tête coincée quelque part. Tout à l'heure il est tombé d'un arbre, et j'étais en-dessous.
– Il pouvait pas rêver mieux comme coussin d’atterrissage. »

Asrae gratta l'oreille d'Atalante, qui s'était approchée avec curiosité. La petite chienne au poil noir bruni, avec une drôle de tache blanche sur l'arrière-train qui rappelait un cheval de robe capée, n'avait pas l'air plus désobéissante qu'Imahel. Mais elle ne doutait pas que, si elle se retrouvait détachée, elle irait fureter partout sans qu'on ne puisse la rappeler. Les deux compères lui présentèrent aussi le petit chien brun – Iko – ainsi que Isis, que le rouquin semblait particulièrement apprécier, et Alastar. Heureusement, ils avaient prévu des laisses suffisamment longues pour laisser courir les chiots, qui se ruèrent vers la rivière tenir compagnie aux bourrelets de Packo. Leur plus gros soucis fut de s'atteler à les démêler toutes les deux secondes, avec le renfort d'Ivy qui était ravie de faire un Tangle Master avec des bébés chiens – et un Iko – tout en barbotant et éclaboussant les trois adultes libres.
Ils n'eurent pas le temps de s'ennuyer avant que n'arrive Wolf's Song. Passé l'étonnement de se retrouver face à une meute jappante au milieu de laquelle se tenait Ivy, il s'approcha d'Asrae et s'assit près d'elle.

« Tu as du retard. » constata-t-elle en s'appuyant sur son épaule.

Il ne répondit que par un grommellement, et elle sut qu'il n'était pas de la meilleure des humeurs. Elle sentait le regard insistant d'Utopie et Nuage sur eux, mais ils se détournèrent pudiquement lorsqu'elle essaya de le croiser. Wolf's n'était pas du genre à s'ouvrir facilement, et bien peu connaissaient sa gentillesse. Il fallait juste creuser – vraiment beaucoup – pour la trouver. La plupart voyaient d'un mauvais œil le beau brun musculeux, et ne comprenaient pas qu'elle puisse lui trouver quoi que ce soit. A croire qu'elle avait le don d'attirer les garçons qui avaient le plus besoin d'être secoués pour se montrer un peu sympas.

« Alerte maximale ! » lança soudain Anoki à voix basse.

Tout le monde se tourna vers lui avec perplexité. Gesticulant avec une discrétion digne d'un rassemblement de clones d'Ivy, il désigna la silhouette qui semblait les avoir repérés. Asrae plissa les yeux et reconnu Electra. A se demander si elle ne passait pas plus de temps à chercher des élèves pour faire copain-copain qu'à corriger les copies de leur dernier contrôle de maths. Avait-elle la moindre vie sociale par ailleurs ?

« On lâche les pitbulls ? » proposa Nuage d'Orage en désignant les chiots qui jouaient à noyer Packo.

La décision fut prise unanimement de quitter les lieux pour une place plus tranquille. Mais après avoir sauvé le pauvre carlin transformé en ballon de plage, on s'aperçut qu'il manquait un chiot à l'appel. Le temps de retrouver Oki' — dans un arbre, pour une raison plus que mystérieuse —, Electra était bien trop près pour que le plan de retraite puisse être mené à bien.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Sep - 16:08



Chapitre 11
Episode 2


Rey passait si souvent s'enquérir de l'état de Flamme qu'elle aurait pu tout aussi bien habiter chez elle. Ce qui arriva d'ailleurs le mardi soir, où elle ramena sa couette sans préavis. Personne ne lui en tint rigueur, évidemment, à l'exception de ce cher Stardust Gray. Il lui avait explicitement recommandé de se tenir à distance de Flamme. De quoi se mêlait-il, ce sale con ? Rey l'avait répété à la rouquine, bien entendu. Ce qui n'avait fait que l'irriter un peu plus. Pas contre son amie, non, mais contre ce flic qui se permettait de l'éloigner d'elle. Lorsqu'elle était passée au commissariat, il avait lorgné sur elle comme on surveille un serpent. Bon, ce n'était pas tout à fait irraisonnable de sa part, mais il ne la portait vraisemblablement pas dans son cœur. Et ça, c'était irraisonnable. Tout le monde se devait de l'aimer ; elle était Flamme, oui ou non ? Elle avait été interrogée, à propos de l'agression brutale et inopinée d'Atlas — elle avait pris soin de bien souligner l'ecchymose pour la rendre plus visible —, mais aussi de cette pétasse de Luna. Elle avait commencé à douter du bien fondé de sa visite en comprenant qu'elle n'était pas tant une victime brutalisée qu'une suspecte. Qu'est-ce qu'il avait bien pu leur dire, ce salaud d'Atlas ?
Rey avait compris qu'il y avait quelque chose de louche. C'était évident, elle était intelligente, et elle agissait clairement comme une personne inquiète. Et un peu coupable, aussi. Elle se sentait coupable d'avoir laissé Flamme s'empêtrer dans une relation avec Atlas, coupable de ne pas avoir pu l'aider, coupable de ne pas pouvoir. Flamme aurait voulu la rassurer, mais elle ne savait pas comment. Elle était douée pour blesser, pas pour ça. Elle était heureuse, soulagée que Rey la défende et refuse de la laisser tomber. Parce que, Rey, elle croyait dur comme fer à son innocence. Et était seulement inquiète que Flamme ai pu faire une quelconque connerie qui pourrait servir les intérêts de ce meurtrier d'Atlas. Elle plaidait fermement sa cause auprès de Stardust, elle cherchait à lui soutirer n'importe quoi qui ai pu être utile. Mais, apparemment, il savait fermer sa gueule, et rien ne filtrait de toute cette affaire. Bon, ça pouvait toujours aider d'avoir une copine dans les bonnes grâces d'un lieutenant. Flamme, elle, ne ressentait pas de culpabilité à se servir d'elle. Juste un peu, à ne pas lui avoir dit toute la vérité. Maintenant, c'était trop tard, sans doute. Rey ne la croirait même pas. Elle serait juste peinée d'avoir déployé tous ces efforts pour un mensonge, elle en voudrait certainement un peu à Flamme, et ce n'était pas le moment pour ça. Flamme avait besoin de son amie, plus que jamais.

Rey lui ayant forcé la main toute la soirée, Flamme consentit à retourner au lycée le mercredi. Ses ecchymoses s'étaient en grande partie résorbée, ne laissant plus qu'une grosse marque jaunâtre immonde qui donnait l'impression qu'une banane lui avait déteint dessus. Avec un peu — léger euphémisme — de maquillage, ça pouvait demeurer discret. Elle avait besoin de reprendre ses marques, enfin, plutôt de marquer son territoire. Si elle s'éternisait trop longtemps loin du petit peuple, qui sait s'il n'allait pas fomenter une révolution ?
Et, merde, c'était pas loin d'être le cas. Elle se retrouva seule avec Rey, toute la journée. Le reste de sa petite bande prit grand soin de l'éviter, et si leurs regards avaient le malheur de se croiser, les filles battaient en retraite avec un air de chiot apeuré, ou faisaient mine d'avoir à faire d'un air incertain. Flamme dû vérifier plusieurs fois qu'elle n'avait pas une banderole ''suspectée de meurtre'' sur le front.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMar 21 Sep - 20:41



Chapitre 11.2
Episode 2


Le soir, Flamme avait pris sa décision. Profitant que Rey soit plongée dans son travail — ou, plutôt, dans les devoirs de son amie —, elle vida son sac et y fourra le nécessaire. Atlas habitait un peu à l'écart de la ville, mais heureusement, elle pouvait encore attraper un bus qui l'avancerait en se dépêchant. Ce n'était sans doute pas la meilleure idée qu'elle ai eu, parce que rien ne lui indiquait qu'Atlas serait effectivement chez lui, ou qu'elle ne se ferait pas remarquer, mais qui ne tente rien n'a rien. Elle en oublia presque Rey, à laquelle elle envoya rapidement un SMS sur le chemin. C'était peut-être bizarre de lui jeter comme ça qu'elle était partie prendre l'air, sans l'avertir de vive voix alors qu'elles étaient dans la même maison, mais elle était chamboulée après tout. Et puis, Rey ne s’apercevrait peut-être même pas de son absence si elle se grouillait, et elle n'aurait qu'à supprimer le message sur son portable en rentrant si c'était le cas.

Elle descendit du bus, et se força à agir le plus normalement possible pour ne pas se faire trop remarquer. Elle ne savait même pas qu'elle était capable de ça. S'il avait fait moins chaud, elle aurait embarqué un gilet ou n'importe quoi avec une capuche. Mais il faisait une chaleur exécrable, qui ne déclinait plus qu'imperceptiblement le soir. Avec un gilet, elle aurait été encore plus pointée du doigt. Elle espérait que la vieille casquette moche qu'elle avait déniché dissimulerait suffisamment ses cheveux trop reconnaissables. De toute façon, personne ne s'attendrait à trouver Flamme sous cet affreux couvre-chef.
La légère nervosité qu'elle portait se dissipa lorsqu'elle approcha de la baraque plutôt isolée. La décapotable d'Atlas était garée à côté, grande ouverte comme toujours. A se demander pourquoi il se donnait la peine de fermer à clé. Il avait dû en tenter plus d'un à lui saloper les sièges. Flamme ne niait d'ailleurs pas avoir cédé à la tentation plusieurs fois. Avant leur relation bien entendu, mais aussi dans les débuts, en faisant accuser la première tête de con du coin. Elle n'avait arrêté que parce qu'elle craignait les répercussions que ça pourrait avoir sur la réputation d'Atlas, et donc sur la sienne. Mais maintenant, les sièges recommençaient à lui faire de l’œil. Enfin, mieux valait résister à leur appel, c'était pas le moment de faire des conneries. Elle s'approcha en vérifiant qu'Atlas n'était pas dans les parages. Plusieurs fenêtres étaient ouvertes dans la maison, et elle n'entendait aucun bruit susceptible de la couvrir. Même la télé semblait éteinte. Bah, il devait être en train de déprimer, roulé en boule sur son lit avec un ours en peluche. Ah, ce qu'elle aurait voulu tacher un peu les sièges avec le sang de cet enfoiré ! Deux plaisirs pour le prix d'un. D'un geste satisfait, elle fit glisser le sac sur le devant de son épaule et en chercha la fermeture.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Sep - 18:09



Chapitre 12
Episode 2


« Qu'est-ce que tu fous ?! »

Atlas aboya d'une voix rauque. Ses cordes vocales n'avaient plus l'habitude de vibrer si fort. Il se ressaisit, certain que ce n'était pas son imagination, que c'était bien Flamme qui se trouvait là. Dans un sursaut, elle s'était retournée pour le dévisager, comme une biche surprise. Elle n'était clairement pas venue échanger des civilités, et ne s'attendait pas à le voir surgir derrière elle. Ses doigts remuèrent en hâte contre son sac lorsqu'elle reprit ses esprits, à l'instant où Atlas fondait sur elle à grandes enjambées en hurlant de plus belle.

« Dégage ou je te tue, je te jure j'te tue ! »

Il attrapa le premier truc qui lui passa sous la main et le lança sur elle. Elle l'évita avec un petit cri de stupeur et il s'écrasa contre la portière de sa voiture avec fracas. Quelle que soit la raison de sa présence, et malgré toute la témérité dont elle savait faire preuve, Flamme n'en menait pas large. Peut-être le poing qu'elle s'était mangée avait-il calmé sa combativité ? Elle semblait lui hurler dessus elle aussi, des insanités qu'il était trop enragé pour entendre, mais elle se résolu à fuir quand un caillou fracassa le pare-brise à quelques centimètres d'elle. Elle disparut sur le chemin, sous une pluie d'insultes et d'objets en tous genre, allant de la branche d'arbre à la chaise de jardin. Vingt minutes plus tard, Atlas ne trouva plus rien à jeter qui ne l'ai pas déjà été. Puisqu'il avait déjà répété au moins cinq fois chaque insulte qu'il connaissait, au point d'avoir craché toute la salive que son corps était en mesure de produire, il ne trouva rien à ajouter non plus. Alors il resta planté là, les bras ballants. Il résolu d'un coup d’œil qu'une tempête venait d'éclater dans son jardin. Non, un ouragan, même.
Il lui fallu une bonne dizaine de minutes de plus pour esquisser un autre geste. Il s'avança vers l'objet le plus proche et se pencha pour le ramasser. Quoi, il avait vraiment lancé son tee-shirt ? Ses chaussures aussi avaient disparu. Il en repéra une à une quinzaine de mètres, à côté de ce qui semblait être une motte de pelouse arrachée. Il vérifia que son pantalon était resté en place et entreprit de se rhabiller. Il dû farfouiller longtemps dans le fratras, constatant un bon paquet de dégâts matériels et végétaux — heureusement, l'arbuste qu'il avait vraisemblablement tenté d'arracher avait tenu bon —, avant de dénicher sa seconde chaussure. Avec, à l'intérieur, sa chaussette disparue. Bien ! Ça de moins à chercher. Il la retourna, la tapota pour en faire tomber brindilles et terre, enfila sa chaussette, retira sa chaussette, la renfila dans le bon sens, enfila sa chaussure et remua les orteils pour s'assurer qu'il n'y restait aucun caillou caché susceptible de surgir par la suite. Puis il se dirigea vers sa voiture.

Le pare-brise avait explosé sur le siège conducteur, répandant des débris de verre partout. L'un des rétroviseurs était largement fissuré, et la carrosserie bosselée et rayée à plusieurs endroits. Rien qui ne soit le fait de Flamme. Enfin, si, indirectement. En s'avançant pour ouvrir la portière, quelque chose craqua sous son pied. Il donna un coup de pied de côté pour balayer les débris de verre, mais sa chaussure heurta quelque chose de plus lourd que prévu. Il baissa les yeux juste à temps pour voir son portable voltiger plus loin. Ah, c'était donc ça le premier truc qui lui était passé sous la main. Il le ramassa sans grand espoir, avec l'impression qu'il se décomposait dans ses mains. Et le balança aussitôt dans l'herbe, un peu plus loin. Il n'en tirerait plus rien, et il n'avait pas vraiment la tête à s'en préoccuper. Il préféra s'atteler à la vérification de sa voiture, histoire de ne pas se retrouver comme un con avec un pneu crevé si jamais il en avait besoin en urgence. Mais ses pneus étaient intacts, et tout le reste aussi. Il s'occupait à la tâche machinalement, comme une vieille distraction. Il balaya du revers de la main les débris sur son siège, s'y coupant sans y prêter attention. Flamme n'avait certainement pas eu le temps de faire ce pourquoi elle s'était pointée. Mais il vérifia une dernière fois, parce qu'il ne voulait pas se retrouver encore inoccupé avec ses pensées et qu'il n'était pas non plus très empressé de ranger le bordel qu'il avait mis. Une bonne initiative, puisqu'il sortit un butin caché, planqué dans un interstice derrière un siège. Enfin, bonne, jusqu'à ce qu'il y jette un œil plus attentif. Pourquoi Flamme avait-elle flanqué de l'alcool dans sa voiture ? Et pourquoi... Le briquet glissa sur le siège, et ses phalanges blanchirent. Là, tout de suite, il regrettait d'avoir chassé la rouquine. Il aurait tout donné pour avoir le plaisir de l'étrangler.
Il savait que Flamme essayait de le faire suspecter à sa place, et n'était pas surpris de ses agissements. En fait, s'il avait eu la lucidité mentale nécessaire à l'anticipation, il s'y serait même probablement attendu. Et elle, s'était-elle attendue à ce qu'une si simple et si petite manigance fasse exploser en lui toute la rage de la culpabilité ? Lui rappelle, comme un brusque éclair dans l'orage, tout ce qu'il avait perdu et tout ce qu'il avait causé ? L'une des bouteilles d'alcool s’abattit sur le mur pour y exploser. Quelqu'un hurla. Il s'aperçu que c'était lui.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Sep - 17:25



Chapitre 13
Episode 2


Anoki sauta en l'air tel un volleyeur accompli et, d'un habile mouvement de poignet, lança une poignée de mousse dans la douche voisine. Le cri outragé l'avertit qu'il avait fait mouche. Il rigola bêtement, avant que Nuage d'Orage ne réplique à la surenchère. La mousse vola dans tous les sens un bon moment, avant qu'ils ne se mettent à se courir après en glissant sur le sol trempé. Une dizaine de bleus et une bataille de serviettes plus tard, dans la plus parfaite indifférence générale, ils retournèrent chacun vaquer à leurs occupations.
Anoki s'assit lourdement à côté de Hurricane, achevant d'ébouriffer ses cheveux en tentant de les sécher.

« De quoi vous parliez ? s'enquit-il en découvrant qu'il interrompait un échange.
– Il paraît qu'Atlas s'est mis à boire. Un pion a retrouvé de l'alcool dans ses affaires. »

Hurricane fouilla dans son sac tout en lui répondant. Il brandit victorieusement son habituel goûter, sans lequel il finissait immanquablement de mauvaise humeur. Wolf's Song s'était déjà retourné pour replonger dans son mutisme, si bien que, à l'exception de l'absence d'Atlas, le vestiaire avait retrouvé toute sa normalité, entre batailles de mousse et empiffrage.

« Ca fait je sais pas combien de temps qu'on l'a pas vu. Quand est-ce qu'il aurait pu toucher son bordel ? » marmonna Anoki, bien plus concerné par sa tentative de vol de bouffe que par la vie d'Atlas.

Il réussit à subtiliser un paquet de biscuits et jubilait silencieusement, avant de s’apercevoir qu'il avait été si discret que Hurricane fixait son larcin avec un léger froncement de sourcils. Il avait l'air de vouloir dire quelque chose, mais sa bouche pleine l'en empêchait. Anoki tenta de l'amadouer de son sourire le plus amical. Il se sentit béni des dieux lorsque le rouquin se détourna.

« Au fait, je pourrais pas vous aider avec les chiens demain. » lâcha Nuage d'Orage.

Il avait l'air un peu contrit. Déçu, aussi. Anoki avait l'impression qu'il prenait à cœur de les seconder dans leur entreprise de dog-sitting, autant qu'il y prenait plaisir. Il avait été très embarrassé de s'absenter quelques jours plus tôt, mais son oncle fermier avait besoin d'aide après l'accident de tracteur de son cousin.

« Tu retournes dans le foin ?
– Oh, non ! Je vais jouer aux fléchettes avec Ed. »

Devant le visage interrogateur de Hurricane, il ajouta qu'il s'agissait d'un vieil ami qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, pendant que Anoki s'évertuait à atteindre un paquet de chips sans se faire repérer. Il échoua lamentablement — encore une fois —, mais Hurricane accepta de partager après lui avoir jeté un regard assassin.

« Et toi Wolf's, tu voudras venir ? Asrae avait l'air de bien aimer Oki'. »

L'intéressé grommela quelque chose qui ressemblait à un ''je vais lui demander'', mais sonnait comme un ''allez vous faire foutre'', avant de rassembler ses affaires et de quitter le vestiaire. Anoki haussa les épaules en riant sous cape. Il ne s'était pas attendu à grand chose d'autre, et aurait préféré demander directement à Asrae. Mais il ne l'avait pas vue de la journée, et doutait qu'elle soit venue en cours ou qu'elle vienne le lendemain. Elle avait l'air différente de d'habitude, ces derniers temps. Il comprenait sans mal pourquoi.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Sep - 14:45



Chapitre 14
Episode 2


Atlas avait été bien avisé de s'assurer que sa voiture était en état de marche, puisqu'il reprit ses esprits au volant. Il roulait à une allure bien trop vive. S'il avait croisé un flic, même Stardust en pleine engueulade habituelle avec son subordonné, celui-ci n'aurait pu ignorer qu'il dépassait largement les limitations autorisées. Il jeta un œil dans son rétroviseur, pour chercher entre deux fissures l'hypothétique présence d'un véhicule en train de le prendre en chasse. Rien. Il essaya d'analyser le paysage autour de lui ; des arbres, des rochers, et une route sinueuse qui grimpait une forte pente. Il sut aussitôt où il se rendait. Et pourquoi il s'y rendait. Il n'y avait ni beaucoup de raisons, ni beaucoup de destinations qui auraient pu le pousser vers cette route de montagne. Le souvenir du lac bleuté en appela un autre, qui lui souleva le cœur et le tordit comme un torchon qu'on essore. Il l'essora fort bien, puisque Atlas dû écraser le frein lorsque sa vision devint brusquement floue et ruisselante.
Il se moquait bien d'être garé en plein milieu de la route. Il n'y avait jamais personne par ici, de toute façon. Le côté de son poing heurta le volant, qui protesta bruyamment. Il se jeta hors de la voiture, hurla, frappa, pleura. Il injuria le monde entier à pleins poumons, jusqu'à ce que sa voix s'enroue, se brise. Jusqu'à ce qu'il s'effondre, les poings brûlants, la gorge brûlante, les yeux brûlants, le cœur brûlant, l'âme brûlée. Une odeur humide et un goût de sel, qui tarissaient tout ce qui était en lui. Puis ne demeura plus rien.
Il était là, assis sur l'asphalte, pantelant et prostré. Son esprit s'était épris d'un pansement de torpeur, abandonnant son corps à son désarroi hébété. Il ne ressentait plus, percevait. Un peu hors de ce monde, naviguant dans une brume aussi épaisse qu'elle était vide. Il se leva et trébucha jusqu'à son siège. Son corps s'activait seul, dans un mécanisme de survie, détectant la sécheresse de ses lèvres, la brûlure de ses joues salées, la soif que la chaleur ne faisait qu'attiser. Sa main meurtrie trouva un paquet de kleenex, ses yeux une bouteille d'eau entamée qu'il se souvenait à peine avoir un jour laissé là. L'eau était tiède, vieille, immonde. Mais tout était immonde, de toute façon. Lui le premier.

Ce fut l'ombre que les arbres projetaient sur la route qui lui fit prendre conscience du temps. Il ne pouvait rester là indéfiniment, même s'il en avait l'impression et l'envie. Il lui fallait faire quelque chose, prendre une décision. Continuer, rentrer chez lui ? L'impossibilité de faire demi-tour sur la route étroite décida à sa place. Il remit le moteur en marche, et reprit son ascension. Il luttait à peine contre la langueur qui l'habitait, contre la chaleur qui l'étouffait. Il se sentait si lent, si maladroit, si épuisé. Si vide.
Et la ville, si loin en contrebas, n'était plus qu'une rumeur bourdonnante. Elle se fondait dans les murmures du ruisseau qui dévalait en petites cascades, pour aller joindre ses eaux à celles de la rivière. Elle disparaissait derrière le vent qui hurlait dans les oreilles sourdes d'Atlas. Tout disparaissait. Tout s'émiettait. Tout s'étiolait. Tout...

Et puis, plus rien.





Dernière édition par Maître du Jeu le Lun 27 Sep - 15:03, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Sep - 15:02



Chapitre 15
Episode 2


Anoki rattrapa les laisses que Hurricane lui fourra dans les mains et le regarda s'éloigner à grands pas vers le lycée. Il priait pour qu'il revienne vite, un peu angoissé à l'idée de se retrouver seul pour surveiller les chiens, même quelques minutes. Ils n'en gardaient que quatre ce soir-là, mais ces petits monstres étaient aussi dangereux qu'une horde entière. Pourquoi avait-il fallu que Hurricane oublie son sac en salle de chimie ? Anoki aurait dû refuser qu'il passe le chercher pendant leurs heures de gardiennage ! Mais il savait bien que ça n'aurait servi à rien ; quand Hurricane avait décidé un truc... Eh bien, Hurricane avait décidé un truc. Surtout s'il y avait de la nourriture en jeu.
Il décida de s'asseoir dans l'herbe en attendant le retour de son ami. Grand mal lui en prit ; Packo repéra un morceau de saucisse abandonné, et céda sans plus de cérémonie à l'appel du Saint-Graal, tandis que Poème se mit en tête d'aller dans la direction opposée. Les deux laisses se tendirent brusquement, Anoki fut ballotté vers l'un, puis vers l'autre, trébucha sur Atalante et s'étala sur Okiwotahena. Le temps qu'il reprenne ses esprits, Packo engloutissait joyeusement son précieux et Poème détalait en traînant sa laisse derrière elle.

« Poème ! » hurla-t-il de toute la force de son désarroi.

La petite chienne jeta un regard en arrière, agita la queue, et repartit de plus belle sous le regard impuissant d'Anoki. En se relevant pour se lancer à sa suite, il se prit les pieds dans une laisse et se retrouva une fois de plus vautré dans l'herbe. Il aurait sans doute songé que le sort s'acharnait contre lui si son esprit n'avait pas été préoccupé par la panique. A titre de point positif, il avait réussi tant bien que mal à conserver trois chiens sur quatre. Il repoussa Okiwotahena qui s'essayait à l'escalade sur sa tête et se redressa, avec plus de prudence cette fois-ci. Il entraîna les chiots et leur aîné, qui roulait à la traîne, vers un banc où il attacha hâtivement les laisses en espérant rattraper la fugitive avant que ne survienne une autre catastrophe.

Il retrouva Poème en train de japper après un couple de pigeons. Les volatiles l’observaient depuis une branche d'arbre en dodelinant de la tête et en roucoulant, visiblement ennuyés de ne pas pouvoir aller picorer en paix les miettes devant la boulangerie. Fort heureusement, Poème n'avait pas les mystérieux talents arboricoles d'Okiwotahena. Elle ne pouvait que se contenter de tourner autour du tronc en faisant part bruyamment de toute l'étendue de sa frustration — et c'était une chienne très, très frustrée. Avec le vacarme qu'elle faisait, Anoki ne mit pas beaucoup de temps à la retrouver et pu la récupérer avant que les pigeons ne décident de la repousser à coups de fientes.
Son soulagement fut, à l'image de la relation qui avait eu cours entre les deux plus célèbres policiers de la ville, aussi intense que bref. Là où étaient censés se trouver trois chiens ne demeurait qu'un banc, seul et abandonné comme un misérable. Il n'y avait nul part trace de ses protégés — ou de ses bourreaux.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Sep - 14:10



Chapitre 15.2
Episode 2


Le bon côté des choses, c'est qu'il ne lâcha pas la laisse de Poème. Le mauvais... Il n'avait aucune idée d'où avaient pu disparaître les trois autres, et il n'y avait pas un seul témoin de présent qui aurait été susceptible de l'aider. Il ne savait même pas s'il fallait espérer qu'il ai simplement mal noué les laisses et qu'ils soient partis cavaler comme une meute infernale Dieu sait où, ou qu'une âme charitable les ai expédiés vers la fourrière avec les meilleures intentions du monde. Sa seule certitude était que, dans ce dernier cas, il lui faudrait croiser les doigts bien fort pour que personne n'abrège les souffrances d'Oki', qui passerait clairement pour atteint de quelque maladie neurodégénérative le faisant se prendre pour une chèvre, ou de Packo. Il n'était peut-être pas habituel d'euthanasier en cas d'obésité, fut-elle aussi morbide et irréversible que celle du carlin, mais il était certain que la moindre tentative de le mettre au régime le tuerait aussi inexorablement.
Anoki décida d'explorer d'abord la première option. S'ils avaient pris la poudre d'escampette, ils ne pouvaient pas être trop loin. Il ne s'était même pas absenté deux minutes, et ils avaient parmi eux un boulet de taille. Et même si Packo avait été retenu à la traîne par ses bourrelets ou un parfum de chipolatas, sa simple présence pourrait donner un indice sur la direction à suivre. Il prit soin de tenir fermement la laisse de Poème et se lança dans un tour du lycée.

Après un footing autour des bâtiments et un rapide coup d’œil au niveau des fenêtres du réfectoire, heureusement — ou malheureusement — vidé de tout aliment susceptible d'attirer un quadrupède, Anoki s'apprêtait à abandonner et passer un appel à la fourrière la plus proche quand il surprit des vociférations familières. Il se jeta dans les couloirs du lycée avec une telle hâte qu'il en oublia Poème, qui trottait toujours au bout de la laisse qu'il tenait, et lui vaudrait de sérieuses remontrances si on découvrait sa présence dans l'établissement. Mais, à cette heure, celui-ci était vide. Il n'eut donc pas de mal à se frayer un chemin jusqu'à la source des cris. Ce fut là qu'il comprit qu'il avait touché le fond.

Hurricane s'époumonait en agitant les bras au milieu d'éprouvettes fracassées. Un liquide mousseux dégoulinait d'une table et s'épanchait sur le sol en soulevant un nuage de grosses bulles roses. Une petite chienne au poil sombre donnait la chasse à ces dernières. Non loin d'Atalante, perché sur une étagère, Okiwotahena s'agitait en essayant vainement de libérer sa tête coincée dans un flacon de verre. Comme il fallait s'y attendre, il s’assomma dans le mur, fit un bond en arrière, et glissa. Après une seconde de battement au cours de laquelle il agita ses fesses dans le vide, il bascula et s'écrasa lamentablement au sol au son du verre brisé. Anoki croisa le regard de Hurricane, et, comme s'il s'était trouvé face à un miroir, contempla toute la pathétique étendue de leur désespoir commun. Un bref instant, il cru qu'il allait tomber à genoux en hurlant vers le ciel. L'instant d'après, il courrait après Packo.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Maître du Jeu

Maître du Jeu

Messages : 297
Points d'XP : 103
Date d'inscription : 22/12/2016

Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Sep - 14:55



Chapitre 15.3
Episode 2


Le bruyant remue-ménage ne manqua pas de parvenir à d'autres oreilles. Même en dehors des heures de cours, il restait toujours du monde pour hanter les salles du lycée. Anoki aurait préféré que l'on ne fasse jamais le lien entre lui et le champ de bataille qu'était devenue la salle de chimie, mais, de toute façon, il ne pouvait pas tomber plus bas. Loi de Murphy oblige, il se serait presque attendu à voir débouler Electra. Il ressentit donc un profond soulagement à voir apparaître Plum. Il avait souvent vu la surveillante faire face aux situations les plus improbables qui advenaient au lycée avec un impressionnant sang-froid. Elle s'était même révélée capable de tenir tête à Flamme, une fois. Mais lorsqu'elle découvrit le cataclysme, Anoki crut qu'elle allait tourner de l’œil.

« Appelez un... Un vétérinaire. » finit-elle par réussir à articuler en se passant les mains sur le visage.

Avec un excellent réflexe, elle tendit le pied pour arrêter Packo qui roulait par terre en s'agitant mollement. Il s'immobilisa sur le dos, la langue pendante et bavant une substance colorée.

« Dépêchez-vous bon sang ! Ce chien est complètement difforme ! » s'affola-t-elle.

Elle le souleva par le harnais avec un air horrifié, tandis qu'Anoki se débattait avec la laisse de Poème pour réussir à attraper son portable.

« Heu... C'est son état normal, ça... bredouilla Hurricane.
– Et celui qui est rose, c'est son état normal aussi ?! »

Poème tira un coup brusque, et le portable s'envola pour finir sa course dans une armoire vitrée. Il manqua au passage d’assommer Hurricane, qui se jeta par terre avec la prestance d'un phoque, et frôla l'épaule de Plum. Celle-ci traînait Packo vers la douche de sécurité, mais marqua un arrêt en constatant la présence d'Atalante en train de se faire asperger par le laveur d'yeux. La chienne prit la fuite avant qu'elle ne puisse la rattraper. Elle évita de justesse d'amortir la chute d'un Okiwotahena rose vif, mais fut stoppée dans son élan lorsque Hurricane la ceintura tel un rugbyman. Il y eut un couinement étouffé, quelques instants de lutte, et le rouquin se redressa avec un soulagement radieux et un chiot sous chaque bras.

Le vétérinaire fut finalement appelé, et consentit à prendre une consultation d'urgence en entendant le récit des événements. Prévenir les propriétaires des chiens fut une autre affaire. Odakotah prit plutôt bien le fait que Packo ait englouti une substance non identifiée, situation qui, selon ses dires, arrivait en fait assez fréquemment. La dernière fois qu'il avait confondu l'armoire à pharmacie avec un buffet à volonté, il avait simplement eu des gaz deux semaines durant. De fait, sa vie avait été bien moins en danger que celle de tout autre être vivant habitant le même logement — que ses plantes d'intérieur reposent en paix. Le maître d'Okiwotahena ne sembla pas non plus fort surpris en apprenant que son chiot avait viré au rose. Anoki téléphona aussi à la propriétaire d'Atalante, une certaine Wyrdfell, bien que la chienne ne présentât aucun symptôme alarmant et avait dû être lavée de tout produit suite à sa douche improvisée. En route vers la clinique vétérinaire, il essaya de se rassurer en songeant à sa plus belle victoire : pour une fois, il avait réussi à éviter les ennuis à Poème.



Revenir en haut Aller en bas
https://cimarronrpg.forumactif.com
Contenu sponsorisé




Le brasier des roses - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le brasier des roses   Le brasier des roses - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Le brasier des roses
Revenir en haut 
Page 2 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
 Sujets similaires
-
» Roses
» « Comme une étoile en ce bas monde. » - Anoki & Roses
» Electra, pourrais-je avoir des fers roses avec des paillettes SVP ?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cimarron RPG :: Espace détente et rps :: Feuilletons-
Sauter vers: